Sous le casque

Toutes les motos de James Bond : l’Ere Craig

James Bond et les motos : l’Ere Craig.

C’est avec une grande fierté que je vous livre, enfin, le dernier opus de mon encyclopédie des motos qui apparaissent dans la saga de James Bond. Le dernier opus. Mon Everest à moi. L’Ere Craig. Vous trouverez, de-ci ou de-là, de brefs articles sur les motos pilotées par Bond ou ses ennemis. Ils sont lacunaires et parfois plein d’erreurs. J’ai scruté à la loupe tous les films, plan par plan. Plus de 50 heures d’examen minutieux ! Et encore des heures d’enquête pour identifier les bécanes en question.

Mais pourquoi tant d’acharnement ? Vous en souvient-il ? Au début de ma petite saga sur Bond et les motocyclettes, j’avais posté un préambule secrètement prémonitoire : êtes-vous James Bond ?

Etes-vous James Bond?

Eh bien j’ai deux mois de moins que Daniel Craig ! Certes, je ne porte pas de smoking, ni d’arme à feu, et je n’ai pas de permis de tuer. Mais j’ai traversé des épreuves similaires à celles qu’affronte son personnage en cinq opus magistraux qui s’étalent sur une période de 15 ans.

Craig, c’est la perte de la candeur, le début de la désillusion et le commencement de la maturité. On peut considérer qu’à la fin des années 90, on pouvait y croire encore. Mais la mini saga Bond inaugurée et close par Craig se situe très exactement dans une époque qui se réveille avec la gueule de bois des attentats du 11 Septembre 2001 et se termine prisonnière des confinements d’une pandémie mondiale. Souvenez vous : le film n’en finissait pas de différer sa sortie. Du jamais vu !

Placement de produit dans Skyfall

« James Craig » est un peu mon semblable, mon frère. Nous aimons les montres Omega. Nous avons grandi dans une génération habituée à minimiser ses émotions pour réussir. Surtout, et par-dessus tout, James voit Vesper, la femme qu’il aime, la seule et unique, mourir sous ses yeux, le laissant, pour une fois, et malgré ses efforts, totalement impuissant. J’ai vécu cela. Vesper Lind était le double féminin de James. Trouble, magnétique et habitée par une tempête intérieure. Un inaccessible Mystère. Plus intelligente que lui. Et terriblement sexy avec cela. Elle lui tenait tête et faisait le même métier que lui. C’était l’eau et le feu. Mais ils n’avaient pas droit au bonheur.

Lutter de toutes ses forces, une ultime fois. Pour rien. En vain. C’était déjà joué à l’avance. Personne ne peut imaginer ce que c’est que de se retrouver brutalement amputé de l’Autre. Cela n’a tout simplement pas de sens. C’est indicible et invivable. On devient fou. Dans les films, les héros font des massages cardiaques et du bouche à bouche à leur chérie. Et elle revient à la vie. Mais ça, c’est dans les films.

Et Craig joue dans un film. Mais James ne sauve pas sa femme. Elle ne lui en laisse pas la possibilité. Il doit l’accepter ou mourir. Cependant, comme il nage pour remonter à la surface, on sait qu’il va en baver mais qu’il va devoir quand même aider les autres à vivre.

Pourtant, la caractéristique essentielle du Bond incarné par Craig, et, au risque d’user d’un concept désormais lessivé et éculé, je vais le rappeler : c’est sa résilience. « James Craig » passe par des étapes d’autodestruction. Il boit et met inutilement sa vie en danger. L’enfer cérébral et émotionnel, la tentation de la bouteille, la moto à fond les yeux fermés : je suis passé par là. Mais le sens du devoir, l’amour du métier et l’amitié le remettent en selle. J’ai moi-même eu cette chance rare. Mais comment, une fois passé le cap de la survie, continuer à vivre sans oublier pourtant ?

Alors, un beau jour, au bout de ce long tunnel de nuit noire, de manière intempestive, l’amour se place à nouveau sur la route de James en la personne de Madeleine, une jeune femme douce, belle et aimante. Ce n’était pas pensable, mais c’est bien réel : Bond est à nouveau amoureux. La possibilité d’une nouvelle vie n’était donc pas caduque. James n’est plus le même homme. Il a changé. Il a souffert. Il est fragile. Et il l’a accepté. Cette fois, James doit affronter sa mission suprême, la plus difficile : assumer ses responsabilités. L’éternel adolescent doit devenir un homme : il est père.

Je ne répèterai jamais à quel point l’amour de mes trois enfants, mais aussi la nécessité d’assurer leur quotidien, m’auront aidé à surmonter les épreuves du divorce autrefois, puis du décès plus tard. La vie est vraiment dure et perverse ; mais elle peut aussi parfois vous proposer la possibilité d’un miracle. Ce n’était pas pensable, ni possible, mais j’ai pourtant moi aussi rencontré ma Madeleine.

Et, bien heureusement, la ressemblance s’arrête là. Je compte bien être encore là pour vivre une vie belle et pour vieillir le plus longtemps possible, entouré des humains que j’aime et qui m’aiment. James, lui, ne peut le faire. Hegel a expliqué pourquoi les Grands Hommes doivent renoncer au bonheur. On ne peut sauver le Monde et sa petite vie de famille en même temps. C’est le paradoxe absolu.

On a beaucoup glosé sur la fin de ce dernier film crépusculaire. Je la trouve très bien, même si, comme beaucoup, j’étais à la fois choqué frustré et incrédule. Une fois la stupeur passée, je dû me rendre à l’évidence. La franchise Bond n’avait pas été rachetée par Disney. Notre héros n’allait pas réapparaître par magie dans un hélicoptère, coincé entre deux génériques, dans une « petite fin » humoristique et porteuse des prémisses d’une suite. Alors je ne pus m’empêcher de verser une petite larme. En se sacrifiant à son tour, en mettant Madeleine devant le fait accompli, seule face à son irréparable avenir, il avait rejoint Vesper, à sa façon.

Vous savez, dans « Ainsi Parlait Zarathoustra », Nietzsche a écrit « Dieu est mort ». Daniel Craig a lourdement pesé sur la fin du film. Il a accepté de jouer une dernière fois, mais à ses conditions. Dans une geste créatrice mégalomane, il a définitivement capturé le mythe. Ceux qui lui en veulent pour cela l’ont bien compris. Pierce Brosnan, dans une interview récente à GQ, disait tout le bien qu’il pense de Craig et taisait toute l’aversion que lui inspire le dernier film. C’est bien naturel. Bond était un phoenix un peu primesautier qui sans cesse rebondissait tel un clown de barnum un peu bling bling. Et, en ce sens, Pierce a parfaitement fait le job. D’où son incrédulité quand la franchise l’a brutalement et sournoisement laissé tomber.

Craig aura fait de Bond un héros tragique. Nous avions un dieu, beau et solaire : il nous restera à jamais Achille, mi-homme, mi-dieu. Zeus passait son temps à se jouer du destin du monde tout en multipliant conquêtes féminines et aventures sexuelles sans lendemain. Achille est un demi-dieu. Il est invincible, mais pas immortel. Dénué d’épaisseur psychologique, il n’est que pur courage et pure fureur guerrière. Seule la mort nous permet de nous identifier enfin à lui. En clôturant cette fuite en avant, il arrache Bond à une course linéaire et sans fin pour en faire un cycle clôt sur lui-même. N’oublions pas qu’avec Casino Royal, Craig redémarrait le rôle en partant de zéro. Il obtenait alors son accréditation au MI6. C’était éminemment symbolique, car le publique était plus que sceptique quant au choix de l’acteur. Il était le début et sera à jamais LA fin.

Sérieusement,  vous imaginiez vraiment Bond comme nous, faisant les courses, torchant les couches et se pointant aux réunions parents / profs? Il veut assumer, oui, mais glorieusement. Une fois pour toutes. C’est assez égoïste bien sûr. Très égocentrique assurément. Je pense que c’est plus héroïque et engagé de se taper les couches sales du bébé. James, lui, a changé, mais il reste un dinosaure biberonné au modèle Mad Men. Il prenait des risques. Cette fois il se sacrifiera. Dans un feu d’artifice tout de même : on est Bond ou on ne l’est pas.

Pour devenir un héros de légende et accéder au mythe, il faut mourir jeune, beau, et renoncer au bonheur. James Dean, Marylin, Lady Diana : la liste est longue. La Reine d’Angleterre, elle, est une déesse, pas une héroïne. Elle aura œuvré toute sa longue vie durant. Ce n’est pas une héroïne. C’est un monument. Après elle, il n’y aura que des nains. Craig le savait. Il était, à sa manière, réellement au service de Sa Majesté. Son personnage ne pouvait lui survivre. C’est une ère qui fout le camp. La boucle est bouclée. Après eux le déluge. Regardez Craig désormais. Il le sait ! Il tourne des spots de pub ridicules. Il s’en tape. Les autres Bond, toujours triomphants, étaient interchangeables : vaincu à jamais, il est devenu immortel.

J’ai adoré grandir et vieillir avec tous ces Bond flambeurs et insouciants qui me proposaient une certaine idée de l’aventure, du luxe et de la masculinité. C’étaient les Trente Glorieuse. Mais cette course en avant exponentielle et machiste semble sérieusement oblitérée par la crise planétaire et la remise en question de nos certitudes. Cela ne pouvait, cela ne peut plus durer. Alors oui, je n’ai pas peur de dire que Craig est mon Bond préféré…En attendant le suivant !

Mais retrouvons nos motos :

2006 Casino Royale

L’essentiel de l’action se déroule dans…un casino, et accessoirement à Venise. Du coup : pas de moto à l’horizon.

2008 Quantum of solace

20 mn 54 : Apparition d’un petit trail piloté par un type en chemise sans casque, qui file dans les rues de Port au Prince la petite Ford conduite par une ravissante brunette. James s’empare de la bécane et fonce vers les docks. Il s’agit d’une Montesa Cota 4RT à la carrosserie modifiée.

Strike !

La prod a carrément pompé la Montesa de La vengeance dans la peau sorti en 2007.

Une légende du trial. Un gros mono 4 temps qui a semé la panique dans les rangs des 2 temps. 250 cm cubes pour 78.6 kg toute pleine.

29 mn 10 : James fait du trial et saute de barque en barque pour aller se chercher une embarcation.

 

53mn50 : Une Kawasaki Ninja ZX 10 R de 2007 bolivienne se gare dans l’arrière plan parmi les figurants. Oui, je sais, il fallait la déceler celle-ci, hein ! Quand James descend du taxi, on voit le pilote se marrer sans casque avec un catogan.

1h01mn19s : Des policiers boliviens en trails blancs prennent James en chasse. Kawazaki KLR 650 des années 90.  On ne présente plus l’increvable gros mono 4 Temps. Ce modèle équipe les forces de l’ordre du monde entier depuis sa sortie en 1987.

 

2012 Skyfall

3mn 00s : Scène d’ouverture : la collègue de James démonte une pauvre Honda 125.

3mn 24s : James voit tomber comme des mouches des Honda CRF250R maquillées en bécanes de la police turque.

Striiiiiike !
comme d hab !

Il chipe la moto d’un commerçant. Je suis déjà allé au marché à Istanboul et je peux vous garantir que les commerçants n’ont pas de bécanes camouflées en mode The Walking Dead. Mais c’est vraiment très beau cette poursuite démoniaque dans les allées du souk et sur les toits. C’est encore du Honda CFR 250.

Jean-Pierre Goy est engagé par la prod mais c’est Robbie Madisson qui a réalisé la cascade.

Lui, c’est Robbie, le motard qui surfe sans planche. Quelqu’un pourrait peut-être lui dire qu’on a inventé le jet-ski.
c’te regard de défi du vilain !
Regard de killer du gentil.
Quel souk !

 

2015 Spectre

26mn 29s : Une moto gadget mystère dans l’arrière plan.

26mn 30s : Puis au moins deux exemplaires visibles de la Norton Dominator SS équipée de mitraillettes à l’arrière-plan avec ce « bon vieux » jeune « Q » .

Si vous voulez ce café racer sportif, sans les mitrailleuses, c’est un bicylindre 4T, à refroidissement par air et huile, simple ACT, 2 soupapes, 961 cm3, 9 CV. C’est cher. Très cher.

Stuart Garner a racheté le nom de la firme en 2006, pour produire, près de Donington Park, la Commando et aussi la Dominator. Quand on connaît bien les vraies Commando de légende qui pissaient l’huile de partout, on reste quelque peu songeur. Oserai-je dire nostalgique ?

Mais c’est la mode de racheter les noms des fleurons middle classe de jadis pour vendre des jouets pour riche à des gens pressés : en automobile, en horlogerie et en moto également.

Enfin, Bond gare une 500 en la poussant à la parisienne. Aucun rapport avec les motos, mais je voulais faire un clin d’œil à ma chérie 😉

 

 

2021 Mourir peut attendre

15mn 06 s : La Triumph Scrambler 1200 2019 : L’hallucinante cascade sur le pont et dans la vieille ville.

Strike !

Pas de numérique pour le saut d’anthologie. Que de la sueur et de la poussière! C’est le pilote d’enduro britannique Paul Edmondson (3 titres mondiaux) qui a réussi l’exploit. Pour que ça passe, la Triumph Scrambler 1200 est discrètement remplacée par une KTM 450 SX-F totalement camouflée.

On reconnaît le cascadeur : il a des boots de moto, et non des bottines anglaises.
Plaque métallique (et non plus en plexi), faux Hölins et gommes très fines sur le modèle de cascade. Ils ont même peint « Triumph » sur la selle !

 

Encore des escaliers !

 

Là il s’est striké lui-même!

La Scrambler 1200 XE « 007 Limited Edition », sera produite à 250 exemplaires en collaboration avec la Metro-Goldwyn-Mayer.

20mn 26s : la tiger 900 des deux vilains apparaît face à notre couple de héros.

Ensuite, dans le film, il se passe pas mal de choses, dont une scène devenue iconique.

Comment dire…

Franchement j’ai eu du mal à regarder dans le fond si une moto était garée ou non.

38 mn 44 s : Il y a aussi un passage où Bond sort du bar et on aperçoit alors une petite cylindrée qui passe en arrière plan.

Ce qui est très drôle, c’est que le même figurant et la même moto passent dans le fond quand Bond ne peut démarrer son Defender saboté. Pas évident à repérer, mais rien ne m’échappe, hé, hé.

Faut-il vraiment commenter ce passage où bond est passager d’un scooter?

1h 45mn 28s :Lors de la poursuite des Land Rover, la 900 Tiger réapparaît en meute de 3. C’est un procédé classique des vilains dans les Bond. Une semaine de répétitions, et encore un coup marketing avec une série limitée qui propose des gadgets très utiles comme un visuel OO7 sur l’écran de l’ordinateur au démarrage. 

Range Rover nouvelle version VS Toy : le duel est trop inégal !

Au début, il y a un clin d’œil à Jurassique Parc, avec les bruits de moto qui rappellent les mugissements de dinos dans la forêt de fougères brumeuse et flippante. Après James fait encore un strike !

Pour une fois, je n’entrerai pas dans les détails techniques pour ces bécanes car je ne connais rien aux motos contemporaines et puis, voyez vous, je vais être honnête : ça ne m’intéresse pas.

Eh oui, je dois l’avouer : je suis moi-même de la vieille école, et, à l’époque des trottinettes connectées et autres contrôles techniques, je suis un peu mort avec James. Pas vous ?

Et pour lire d’autres bonderies à moto, c’est là:

Toutes les motos de James Bond : les années 60.

Toutes les motos de James Bond : les années 70

Toutes les motos de James Bond : les années 80

TOUTES LES MOTOS DE JAMES BOND : LES ANNÉES 90

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