Toutes les motos de James Bond : les années 80
Ah, les Eighties ! Les années fiévreuses du fric, de l’innovation, et de l’excentricité. Tout ceci nous était servi sur fond de Guerre froide, de navette spaciale et de blockbusters. Autant dire que James Bond navigue dans cet univers comme un poisson dans l’eau. Et, pour la première fois en 20 ans, il va le faire à moto ! Dans les Bond, les motos, fussent-elles britanniques, c’était systématiquement pour les méchants. Mais nous sommes dans les années 80. Les muscle bikes japonaises sortent le turbo. Les nippons n’en sont plus à conquérir le monde. Après avoir amoché la concurrence, ils se lancent entre eux dans une course à l’armement pour la suprématie. Des modèles mythiques sont sortis d’usine et, à elle seule, la photo iconique du regretté JCO en costard sur la roue arrière de son V-Max résume bien la situation. La moto n’est plus un moyen de se déplacer pour les pauvres sans voiture ou les marginaux de Easy Rider. Elle devient une machine à rêves technologiques, un jouet pour golden boys et un missile gavé de testostérone pour les pilotes de Top Gun. Bref, James Bond peut enfin piloter une moto en smoking. Il se doit même de le faire. A tout seigneur tout honneur, c’est au créateur du rôle, Sir Sean Connery, qu’incombera la responsabilité d’ouvrir le bal. Il sera imité dans les années 90 et début 2000 par Pierce Brosnan, puis, il y aura l’ère Craig, mais c’est une autre histoire, et ce sera notre apothéose.
En attendant, retournons à nos bons vieux James Bond à papa:
1981 Rien que pour vos yeux.
Le vieux Moore fait du charme à la très jeune Carole Bouquet et, à l’époque, cela ne choque personne : malaise rétrospectif.
Autant vous le dire tout de suite, il faudra attendre 40 mn et 14 secondes pour voir des bécanes. Mais notre patience sera récompensée, puisqu’il s’agit de la mythique apparition des fameuses XT 500 ! Deux affreux casqués agressent Carole et James les défonce à coups de barrière. Et ce n’est là que la première vague.
La scène culte des XT chez Bond, c’est à 46 mn 59 secondes. Lancées sur les pistes, elles défouraillent avec des klikos qui pivotent et dévoilent des mitrailleuses intégrées. Je veux les mêmes pour faire le ménage sur la route. Avouez-le : on en a tous rêvé !
Ensuite? Plus de motos. Mais nous avons été gâtés. A signaler le remake inversé de l’affaire Thomas Crown, à 1h 09. L’amie de James meurt assassinée. Ce n’est pas la première fois, et ce n’est pas très fair play.
Je pourrais tout aussi bien écrire un article sur les buggies dans les James Bond, car on en croise souvent. Mais j’écris pour un Blog Deux Roues : Moto et Vélo. Chacun son truc.
Et pour finir, nous ne saurions taire la poursuite avec la mythique Citroën 2CV. Quel plaisir, à l’époque, de la contempler en terrasse, dans sa version Charleston, ou dans sa version OO7, avec les faux impacts de balles !
Et la scène de plongée avec Carole ! Ah, Carole…
Et l’arbalète de Carole ! Ah, Carole…
1983 Octopussy.
L’époque est un étrange mélange de clinquant, de glamour, de futurisme et d’arrogance virilo-ringarde.
Là, on nage en plein délire en mode Playboy pour un Moore plus cabotin que jamais. Même les implicites du titre en disent long sur la kitchitude de cet…Opus
A 13 mn 22 s, sortant de Trafalgar Square et débouchant sur les locaux du MI6, une moto jaune roule pépère avec un son mélodieux. C’est une Triumph, comme le prouve la tête de carénage et les valises à l’arrière.
Ecoutez-moi cette douce mélodie :
Plus précisément, il s’agit d’une TR6 Trophy. fabriquée par Triumph à Meriden de 1956 à 1973. Pour faire simple, c’est la bécane de la Grande Evasion, vous me suivez?
Plus tard, à 32 mn et 22 s, nous avons l’amusante course poursuite en tuk-tuk, mais ce n’est pas vraiment de la moto, puisque c’est un tricycle, et puis ce n’est même pas James qui pilote. Pourtant, Bond va bien enfin piloter une vraie moto à l’écran en 1983, mais pas dans ce film. Énigme quand tu nous tiens !
A 1h 20 apparaissent successivement deux BM. Normal, nous sommes à Berlin Ouest.
A 1 h 47 et 52 s, on voit une jolie BM de la Polizei.
Là, je soupçonne que c’est une R 100 S , peut-être la version avec tête de fourche de R 90 S.
Un peu plus loin, et à 1h 47 et 56 s, c’est une petite Suzuki 125 qui est garée.
Au début, j’ai penché pour une Suzuki GS 125 de 83.
Elle n’est pas familière en France car on n’y a importé, justement en cette année 1983, que sa frangine custom, la jolie petite GN. Produite de 82 à 2005, cette petite mono a inondé pas mal de routes et de continents
Mais trop de petits détails clochaient. J’ai encore cherché et opté pour la GT 125, produite de 1974 à 1984. Le film montre un modèle des années 70. Cela pourrait être un modèle 80’s sans son capot de selle, mais ça ne collerait pas au niveau des logos sur le réservoir et le carter côté droit.
Mais retour aux grosses cylindrées. La situation se corse pour Bond qui s’enfuit en Alpha Roméo, poursuivi par des méchants, et par le policier à moto. Cette fois, le doute n’est plus permis : c’est une magnifique R 100 S ! La forme du réservoir et le côté applati du cache-culbuteur sur le poumon de la bête, la ligne d’échappement : tout y est.
1983. Jamais plus jamais
Sean le retour! Je vous épargne le sombre imbroglio entre les ayant droits de l’époque. Toujours est-il que, cette année là, je me suis retrouvé avec deux affiches de Bond au-dessus de mon cinéma de quartier. Oui cela existait, un cinoche juste en face du boulanger, avec les fauteuils dodus de velours rouge et l’hôtesse qui passe à l’entre acte vendre des esquimaux glacés. Et en 1983, j’ai du faire un gros effort intellectuel. J’avais grandi avec Connery à la télé et Moore au cinéma. Là, les deux incarnaient Bond en même temps.
A 41 mn 23, Sean Bond se tape la visite de l’atelier d’un gars qui n’est pas Q. Un usurpateur en somme. Mais le type a de la ressource. On le constate avec ce vélo bidouillé par un soudeur.
Quelques mètres plus loin, à 41 mn 40, on tombe sur une « moto gadget » en cours de transformation. Chers amis, nous y sommes C’est la première fois que James Bond regarde une moto (enfin, un cadre) avec une lueur d’intérêt.
L’évènement tant attendu se produit durant une poursuite d’anthologie, de 1h 22 mn 36 s à 1h 26 mn 02 s. La chipie sexy de service se sauve au volant d’un futur collector : une R5 Turbo 2. Furax, James se rue sur le colis envoyé par les services de sa Majesté, l’ouvre, et surgit sur la roue arrière, au guidon d’une Yamaha XJ 650 Turbo ! Les années 80, c’est la guerre du turbo. On l’oublie souvent, mais les motos ont elles aussi participé à cette course à l’armement lourd.
La première bécane de James Bond en a sous la selle : 90 chevaux avec un turbo Mitsubishi (ils produisaient déjà le chasseur « Zéro » durant la Seconde Guerre Mondiale). Une moto sortie en 82 et virée en 84.
1985. Dangereusement vôtre
Après tant d’émotions motardes, nous allons souffler un peu avec l’intermède de Moore . A 2 mn 50, il met le grappin sur un scooter des neiges monté sur chenillettes.
Ensuite, on aperçoit deux motos parisiennes difficiles à identifier à 21 mn 36.
Optons pour une BMW R 80 RT. La K75 sort l’année du film et va équiper les forces de l’ordre en version K75 RT, laquelle ne sortira qu’en 89.
1987. Tuer n’est pas jouer
Timoty Dalton. De 76 à 77, un des partenaires de Steed dans « Chapeaux Melons et bottes de cuir », Mike Gambit. Un autre sex appeal (expression très 80’s!) que celui Emma Peel. Pour incarner 007, il y a les pour ou les contre. Je ne le trouve pas si mal.
Ah, les motos ! En fait, il y a juste cette petite moto bleue garée en Allemagne de l’Est à 38 mn 18. Pas facile. Une Zündapp? Nous sommes en Allemagne de l’Est mais tout est tourné à l’Ouest. Je ne reconnais pas la tête de fourche et je ne vois pas le radiateur. Pourtant, le carter ne trompe pas. Une Zundapp Laverda? Une KS 80? 125? La production aura maquillé la meule pour la typer RDA. Quand je roulais en RD 50, je snobais les Zundapp. En réalité, c’étaient de furieux petits café racers et je n’y connaissais rien.
1989. Permis de tuer
Et nous allons clôturer notre cycle années 80 avec … encore Timoty.
15 mn 57 Un impressionnant convoi sous escorte. Les motos ne sont pas des HD, même si nous sommes à Miami.
La Kawazaki Z 1000 sort en Septembre 76. C’est celle de Gooze dans Mad Max en 78, la mythique KZP.
Dans la série « Chips », en 77, Poncherello et Baker pilotent des KZ 900.
Ici, nos policiers version Bond pilotent des KZ 1000 P (P1 à P24, de 84 à 2005). Cette bécane leur plaisait, malgré des problèmes d’allumage et d’interférences électromagnétiques avec les ondes radios.
Voilà pour les golden eighties. On se retrouve dans un certain temps avec Pierce Brosnan, l’homme qui a toujours rêvé de jouer James Bond. Bonne nouvelle : l’un des acteurs les plus sexy du monde aime la moto, il va booster James Bond, et il va se taper des course-poursuites avec de super bécanes !
Autre bonne nouvelle : pour des raisons évidentes mais que je développerai ultérieurement (il faut bien entretenir le suspens), il n’y aura pas les années 90, les années 2000, 2010, 2020. Je suis maniaque, mais il y a des limites. Non. Nous découvrirons deux ultimes chapitres. Il y aura L’Ère Brosnan. ET enfin il y aura L’Ere Craig. J’ai trop hâte d’y être, pas vous?
En attendant, pour tout savoir sur les motos turbo, c’est là :
Pour la saga James Bond et les motos :
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