Mad Max Mitaines Motard
Cela faisait un moment que j’éprouvais un plaisir coupable à être attiré par les mitaines. J’en avais déjà porté dans les années 80. A un certain moment, elles avaient déjà été à la mode. Comme le croque du même nom, elles reviennent souvent.
Mais j’avais des réticences quant à la sécurité. Quand je vois un gars avec un blouz bourré de plaques, un intégral, des boots et …les mains nues, je trouve qu’il y a là beaucoup d’inconscience et même un côté obscène. J’ai toujours l’impression d’être confronté à un astronaute qui sortirait dans le vide intersidéral en oubliant de fermer un truc essentiel de sa combinaison. Ou aussi c’est comme ce cauchemar récurrent que je faisais lorsque, enfant, j’étais stressé par la pression scolaire. Rappelez-vous : on était toujours coincé entre la meute des copains toujours prêts à harceler tout ce qui manque ou tout ce qui dépasse, et la maîtresse psychorigide qui faisait sa psychanalyse sur vos phalanges à coups de règle en fer. Salope tiens ! A l’époque, je m’éveillais en sueur, hurlant tel un vétéran du Viet Nam. Je rêvais que mon père me déposait à l’école et qu’une fois dans la rue, je m’apercevais que, bien qu’habillé en écolier, j’avais gardé mes chaussons en forme de nounours !
Eh bien conduire sans gants, c’est pareil. Dangereux et moche.
Pourtant, j’en ai marre d’ôter mes gants pour : chercher mes lunettes, me fourrer un doigt dans le nez, me gratter sous la ceinture, chercher les clés dans ma poche, défaire la ceinture du résé, composer un numéro de téléphone (garé, hein : Fuck the phone !).
Et aussi, en tant que motard sensuel qui veut garder un contact avec le réel, le bitume, les éléments, je suis frustré par mes multiples paires de gants : elles m’empêchent de sentir la guidoline sur les poignées. Cette douce réminiscence de mon vieux vélo de course Eddy Merx, quand je prenais les pentes à fond en imaginant que j’avais un moteur dans le cadre.
Alors j’ai regardé les gants que portait Aude-Emmanuelle quand elle s’est fait éjecter de sa 650 par un gentil caisseux qui « croyait qu’elle le laissait passer ». Tout le poids de son corps s’était écrasé au bout des bras, sur les paumes des mains, dans les gravillons. Le cuir était un peu râpé à cet endroit. Les doigts n’avaient aucun point de contact. Faut dire aussi que ce sont des gants de l’armée française : du solide !
Ouah, ces gants, c’ était mon deuxième post ! https://claymotorcycles.com/2013/10/des-gants-styles-pour-5-eu/
Alors j’ai décidé de franchir le Rubicon. Et, un peu comme quand je franchissais le pas de porte du buraliste à l’époque où, rougissant, je cachait le numéro de Playboy derrière celui de Télé 7 Jours, j’ai pris mon courage à deux mains et me suis rendu à mon surplus mili préféré, rue Maréchal Leclerc.
Là, j’ai essayé un truc camo avec du kevlar, pour les adeptes du paint ball. Sympa mais trop grand. Et puis j’ai vu les mitaines qu’achètent les non-motards : les gothiques et autres freluquets qui veulent se la jouer gros durs. Du cuir, des clous, une fermeture à velcro. Mon cerveau n’a fait qu’un tour : Mad Max ! Au moment de l’impact, je ne sais si les clous me protègeront, ou s’ils se retourneront contre moi. Mais les automobilistes au feu, eux, dans le rétro, je peux vous garantir qu’ils pensent direct à leur peinture. Et puis avec la sortie du film, s’il n’est pas aussi grotesque que le troisième volet (vous en connaissez-vous, des gars qui, à l’époque, se sont mis à rouler momifiés dans du lin blanc comme les pots dans des bandes thermiques ?) je peux vous garantir que le look steam punk destroy sur rat bikes va revenir en force. Perso, je suis prêt depuis fort longtemps.
20 balles plus tard, je les enfilais sous mon perf, et je ne faisais plus qu’un avec le XJR. Quel doigté, quelle précision dans le dosage au moment de sortir de la courbe. C’était soudain comme si, durant tous ces kilomètres avalés, je m’étais acharné à jouer du violon avec des gants de boxe.
Sur cette belle référence à Coluche, je vous laisse seul face au cruel dilemme des mitaines.
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2 commentaires
Jean-Marc
Mouarf! Planquer son Playboy sous Télé 7 Jours, je sais pas si c’est pas contre-productif en fait! 🙂
Sinon, moi, en tant qu’automobiliste, les mitaines, c’étaient le top du top du pro de la conduite, au volant de ta 304 Cabriolet S, quand j’avais 20 ans!!!! (c’est qu’ensuite que c’est devenu bien ringardos, les gueux!).
Du coup, je suis moins sensibilisé à cet accessoire, niveau sécurité, mais c’est bien possible que ce soit indispensable en effet!
Bon texte, comme d’hab’, Clay!
Clay
thank U Jean-Marc ! Oui, j’e ai eu aussi au volant…de ma Fiat Uno en tôle rouge: ah ! ah ! Moins classieux que le cabriolet 🙂