Le Monde d’Après, le Monde d’Avant et le Monde de Maintenant.
Le Monde d’Après, le Monde d’Avant et le Monde de Maintenant. On dirait le titre d’un western spaghetti de 1968. Pourtant je vais ici évoquer une moto contemporaine de Retour vers le Futur (Premier opus : 1985).
Ce qui est bien, entre les voyages et le confinement, c’est que je n’ai pas piloté de moto pendant deux mois. L’autre jour, tout a basculé.
Tout d’abord, je me suis rendu à pied au bouclar. Une bonne marche de 30 mn sac militaire à dos, avec pour tout bardas un casque, des gants et un cuir.
J’ai croisé des humains. Pas mal d’humains et beaucoup de voitures. Les voitures, c’est tout où rien. Certains sont en mode Mad Max et ne te calculent pas alors que ton petit bonhomme est vert. D’autres pilent et te laissent passer avec un grand sourire alors que ce n’est pas ton tour. Le Monde d’Après ?
Les humains, c’est tout ou rien. Ils changent de trottoir quand tu leur dis bonjour, planqués derrière leur masque en tissu handmade, ou au contraire, ils te frôlent en postillonnant dans la tronche de leur camarde.
Le monde d’Après : un monde ON/OFF ? Genre Honda Turbo ?
https://claymotorcycles.com/2013/11/la-kawa-750-turbo/
Un autre Honda 750, c’est le VFR de 86 en stand by chez mon Keum depuis une fuite étrange et des bruits encore plus étranges. Mécanicien moto, c’est un métier. Et noble qui plus est. Alors ok, j’ai démonté et remonté cette machine sous la supervision de son œil expert. Mais il y a un niveau où tu dois passer la main. Si tu ne le fais pas, tu es inconscient. Tu vas tout casser. On a déjà vu arriver des gars qui avaient bousillé leur bloc à la Dremel ! Et tu es irrespectueux, et du métier, et de la machine.
Il a changé les deux arbres à came. J’ai désormais des pignons version 91. Et aussi il m’a montré les basculeurs. Ils sont censés être convexes. Là ils étaient deux fois concaves. Des montagnes russes !!!
Le son au démarrage ! Pardon, la mélodie…
Pour fêter ça, nous avons bu des canons. Il a tranché du veau. Nous ne sommes pas vegan. J’ai traversé la rue pour acheter une barquette de riz cantonnais et on a passé un excellent moment. J’avais oublié ce que c’est que de boire un coup avec un ami autrement qu’en ligne. Le virtuel appartient au réel, contrairement à ce que pensent les gens. C’est une de ses facettes intéressantes. Sans le virtuel, nous ne serions pas en contact vous et moi. Mais l’actuel, quand en acte avec un corps et tes cinq sens tu produits des machines, des mots ou de l’amitié, c’est tout de même autre chose.
Ici je vais faire une pause. Si je racontais ce passage sur FB ou pire, sur un forum, je me prendrais une volée de bois vert de la part de justiciers inconnus, tous pressés de m’imposer leur jugement moralisateur sur les distances de sécurité, les protocoles et tout le bordel. Mais ici, c’est un blog. Un média qui devient plutôt obsolète, si on le compare aux vlogs de Youtubeuses de 16 ans qui font des millions de vues avec un bâton de rouge à lèvre et trois neurones. Donc, ici, chez nous, cela n’arrivera pas. Mes potes lecteurs sont du genre fidèle. Assez nombreux pour m’encourager à continuer, mais trop confidentiels pour que je devienne un connard ‘influenceur avec un tel melon qu’aucun casque ne peut plus en faire le tour. Le blog moto c’est une sorte de vieux bouclar virtuel.
Le Monde d’Après alors ? Bah non. Le monde d’avant ? Un peu quand même. Mais c’est surtout le monde de maintenant. On trinque, on bouffe et on rigole. N’est-ce-pas là l’essentiel ?
Dans la même veine, j’ai salué mon pote et je suis rentré me confiner dans mon antre d’ours. Sauf que je n’étais plus à pied. J’avais entre les jambes une moto. Mieux : mon VFR 750. Une machine pondue par les japonais pour satisfaire au cahier des charges bien barré des distributeurs européens de l’époque. Attention. Je ne vous parle pas des gens qui demandent à de jeunes infographistes de copier le look vintage pour augmenter leur marge et qui n’ont même pas le permis moto. Je vous parle d’une époque où les PDG des branches européennes faisaient des wheeling en costard au guidon d’un V-Max.
Et le cahier des charges était le suivant : pondez-nous la Porsche des motards. Les puristes savent que Harley fera le moteur de la V-Rod en collaboration avec les teutons, mais ceci est encore une autre époque, et une autre histoire.
Me voici donc à demi couché sur ma roue de 16 pouces à manœuvrer avec autant d’aisance que sur un vélo d’enfants. Dans les rues semi désertiques, les passants se retournent pour voir l’OVNI qui correspond à ces rugissements. Les petits garçons me font des signes et je suis si fier de leur transmettre ce virus-là.
Une fois la bête au garage, j’en avais encore les mains qui tremblaient de bonheur. Oserais-je comparer cette expérience sensori-motrice à une nuit d’amour après une longue période d’abstinence ? Oh oui. Tant pis. Je fais le rapprochement. Je ne sais pas si c’est mieux. Mais ça se vaut largement. Durant ces quelques minutes de bonheur authentique, je ne pensais plus à rien d’autre qu’à tout le plaisir qu’il y a à piloter une moto, sur une route bien dégagée, qui plus est. Je ne vais pas vous décrire cette extase. Vous la connaissez. Et c’est indescriptible. Les autres ne peuvent pas comprendre.
Le Monde d’Après ? Pour moi ce sera come avant. Piloter de belles motos.
PS : Pour celles et ceux qui lisent mon roman-feuilleton, Motochrome, je bosse sur la suite. Franchement je pensais que l’affaire serait torchée en 20 pages, mais cela prend une toute autre tournure. Je sais votre impatience, mais il me fallait avant tout partager cette émotion motarde. Vous la retrouverez de toute façon dans Motochrome Episode 4. C’est tout ce que je peux vous dire car, tout comme vous, je découvre peu à peu ce qu’il va advenir de Tony.
Si vous avez loupé le début, les liens sont là, histoire de bien préparer le Monde d’Après avec de saines lectures :
https://claymotorcycles.com/2020/04/motochrome/
https://claymotorcycles.com/2020/04/motochrome-episode-2-punition/
https://claymotorcycles.com/2020/04/motochrome-episode-3-sideration/
Bonne lecture 😉
Clay
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2 commentaires
Axel
Hello, merci pour ton billet d’aujourd’hui, je t’ai découvert il y a peu de temps au hasard d’un commentaire sur un réseau social et maintenant je saute sur tes mails pour lire la suite de ton roman. Je ne suis pas un motard aussi entier et libre penseur que toi mais je me rêve une vie dans le genre de la tienne.
Aujourd’hui j’ai surtout réagit car mon unique machine est un Vmax 1200 de 86 que mon parrain a acheté neuf et m’a donné en 96 avec 3.000 kms parcequ’il se faisait peur avec.
Je ne suis pas un gros rouleur aujourd’hui il a 15.000 kms ( smiley qui se marre ) il est stock, c’est une mauvaise moto mais je l’adore et ne m’en séparerait jamais.
Alors en voyant la célèbre photo de JCO ( RIP ), mon clavier m’a démangé.
Continue à nous régaler à l’ancienne, ça fait vraiment du bien !
Clay
Bonjour Axel.
Merci pour ces encouragements et pour ce beau témoignage. Alors déjà ce n’est pas une mauvaise moto, car c’est un V-Max, et qu’en plus on sent que pour toi c’est bien plus qu’une machine. J’ai connu une femme qui a tenté de m’expliquer que la moto était un moyen de se déplacer d’un point A à un point B. Autant te dire que c’est fini entre nous 🙂 J’essaye de vivre et de penser le plus librement possible. Mais je tiens à te rassurer : je n’ai pas une vie de rêve. Si tu remontes l’historique de mon blog sur deux ans tu le verras vite. Vis tes rêves, c’est surtout ça l’essentiel. J’ai commencé à bosser un article sur les motos au cinéma. Du coup le roman tarde à venir. Je m’y colle à nouveau dès que possible. Bienvenu dans la Claymotorcycles’ Family et à très bientôt. Bonne route camarade !