Masque Junior 602 vintage
Mon masque Junior 602, je l’ai débusqué en brocante pour la somme colossale de 5 euros. Comme à l’accoutumée, j’ai questionné la vendeuse sur la provenance. « Sûrement des lunettes pour la moto. J’en avais d’autres à 10 euros, mais elles sont vite parties, c’était marqué « Aviator » dessus. ». Là, vous imaginez que le sol terreux de cette brocante du Sud de la France s’est gentiment ouvert sous mes pieds. Mazette ! (vous voyez, je reste poli, je fais des efforts). Des Aviator Googles pour 10 euros…putain de merde oui !!!
Bon je n’allais pas faire mon difficile. Un petit masque sympa à 5 euros, c’était cool. Un peu comme ces Climax antiques qu’un gars m’avait vendu avec un bol, il y a quelques années, pour trois fois rien.
De retour à la Réunion, j’ai nettoyé mon masque, car j’avais hâte de le tester sur route. Il est léger et pratique avec son système d’accroche simpliste mais efficace, et avec un bon look de baroudeur du désert. C’est du solide, car, mis à part l’écran amovible qui se fixe par pressions, l’ensemble est en caoutchouc moulé d’une pièce, un peu comme un vieux masque de plongée. Pas de mousse pour le confort, mais ce n’est pas gênant sur ce modèle. La visibilité est bonne, l’aération aussi, et les verres fumés protègent du soleil tout en offrant une bonne luminosité au guidon. What else ?
Et bien, en bon historien amateur, il me fallait en savoir plus. La couleur crème et la structure me faisaient pencher pour un usage militaire. Il me rappelait trop mon masque de RDA acheté à Barcelone, avec sa visière intégrée. Ce dernier, je l’adorais, mais, comme je l’avais remonté sur le front du jet, à cause de la visière, il s’est envolé à la Fête des Motards et un caisseux a roulé dessus juste derrière moi.
J’ai donc mené l’enquête on ze web siouplé ! J’ai vite trouvé la réponse du côté des tankistes. Il y a pas mal de masques Junior 602 à vendre sur le Bon Coin ou autre. Contrairement à ce qu’affirme un des vendeurs, le masque n’équipait pas les paras et tankistes de la Guerre d’Algérie, étant fabriqué pour équiper les équipages de chars un peu après 1964, en 1968 exactement, et ce jusqu’à la fin des 70’s. Un modèle kaki pour la verdure, et un crème pour le désert. Il était livré dans une boîte en carton avec trois types d’écran : transparent pour le jour, jaune pour la nuit et vert fumé pour le soleil.
Quoi qu’il en soit, mon modèle appartenant à un lot où il côtoyait des Aviator Google, j’aime àcroire qu’un motard l’a utilisé des années durant pour sillonner le Gard , les Cévennes et la Camargue. C’est amusant de se dire qu’il a atterri à la Réunion.
Quand je regarde la route, je ne peux m’empêcher d’imaginer qu’un autre frangin a scruter le paysage avant moi au travers de ce même écran, au guidon de son bolide préféré. Était-ce une Norton ? Une Guzzi ? Une BM ? Va savoir…Telle est la poésie de la motocyclette de caractère : on peut foncer vers l’avenir en s’appuyant sur le charme des traditions passées.
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