Les sacoches US
Depuis le collège, je trimbale des sacoches US personnalisées. Quand on n’a ni l’envie ni l’argent pour changer de moto, on peut toujours changer de sacoche. Une sacoche, c’est intéressant à plus d’un titre. Déjà, elle présente l’avantage de ne pas être un hideux top case en plastoc avec les feux rouges dessus. Vous remarquerez au passage qu’il existe une nouvelle version, à mi-chemin entre le container de coursier et la glacière pour livreur de pizza, avec un petit détour pour la moche caisse à outils made in China que vous planquez sous l’établi, quand vos potes viennent faire un tour au garage, une bière à la main.
Quoi ? Dans une sacoche on ne peut ranger son casque quand on se gare en ville ? Non mais franchement tu te crois où là ? (Remarquons comment, sous le coup de l’énervement, votre serviteur use d’un artifice littéraire bien connu : il bascule soudain du vouvoiement, marque de respect dans la langue de Voltaire, au tutoiement, medium familier par excellence dans la langue de mon boucher-charcutier. Du même coup, tu constates aussi que Clay a un point commun avec Jules César et Alain Delon : il parle de lui à la 3° personne du singulier, ce qui caractérise une pente certaine vers la mégalomanie. Mais bon, ce n’est pas le sujet du jour, docteur, alors reprenons…). Non mais oh ! Tu te crois, où là, hein ? Chez les baltringues qui utilisent une moto pour se déplacer d’un point A à je ne sais où ? En ville, tu as honte de ton caque ? Tu l’as acheté chez Auchan au rayon automobile ? Tu ne veux pas que les gens sachent que tu es motard ? On pue, hein ? C’est ça ?
OK, tu vas gentiment chercher ta caisse à outils made in China, celle avec de l’alu en roquette du esbola recyclé. Dedans, tu as des clés, tu verras. Et tu vas nous déboulonner ce machin qui te fais ressembler à un représentant de Samsonite. OK, ton Fazer reste ignoble, mais c’est déjà un début. Pour en faire une belle moto, il y a du boulot, mais passer aux sacoches va vite t’en faire prendre conscience. On ne peut fixer des sacoches army sur n’importe quoi. Il reste bien sûr l’option cuir, surtout pour les HD, mais ce n’est pas notre propos aujourd’hui.
Les miennes étaient en coton huilé bien résistant. Mais avec la croix des services de santé de l’armée suisse dessus, plein de gens me demandaient si j’étais infirmier, ou si je bossais pour la Croix Rouge, ou si j’étais scout. Non mais oh ! En plus, elles frottaient sur la roue. Et je ne vous raconte pas les sangles mal attachées et bouffées par l’asphalte ou la chaine.
Bref, il fallait un peu de changement. Il se trouve que je suis un collectionneur compulsif de sacoches. Tu ne me crois pas ? Ok. C’est fatiguant, mais un beau jour, je vais devoir aller (presque toutes) les chercher et les prendre en photo. Et là tu feras moins le malin.
Alors on commence par laquelle ? La plus facile à faire passer du point de vue esthétique, c’est celle que j’ai choisi d’infliger au Storm Cruiser. C’est le sac de masque à gaz US. Forme absolument en adéquation avec l’emplacement de l’ancien carter en plastoc, avantageusement remplacé par de la tôle découpée à la main. J’avais longtemps hésité, à cause du faible volume. Et puis mes potes Willy et Damien l’ avaient successivement adoptée sur leur Bobber respectif.
C’est attaché sous la selle, parce qu’il y a des voleurs.
Du coup, j’ai basculé la petite pochette en cuir sur mesure de l’autre côté. Dedans, il y a le gilet jaune et une lampe de vélo rouge pour dépanner en cas de panne de feu AR. Et il y a un petit cadenas assorti à la boucle argent, parce qu’il y a des voleurs.
Avec un écusson dédié à l’as de pique, c’est quand même autre chose !
Passons maintenant à l’autre choix, volontairement inesthétique. Cela alourdit la aligne. L’arrière n’est plus du tout affiné. M’en fous ! Moi ça me plaît ! Je poursuis la militarisation de cette bécane. Elle est vouée au dieu Papy Boyington, faut-il le rappeler ? Et à une époque où les paras sont dans la rue et où la moitié au moins de la planète est en guerre, le look para mili reste un must. Tu peux toujours rouler avec ce bon vieux treillis légué par ton père, moussaillon, ou avec celui que tu as toi-même trainé dans la boue durant ton service militaire, si, comme moi, tu es de la génération des gens qui avaient des Gauloises sans filtres dans leurs rations de combat.
J’avoue (c’est la mode) que j’ai pas mal de trucs à transporter en ce moment. Alors ces sacoches me sont bien utiles. Marre des sacs qui font mal au dos et qui masquent mon beau patch Claymotorcycles. Là c’est génial. Et le putain de gilet jaune aussi trouve sa place. Ces sacoches sont parfaitement étanches. Elles sont bardées de petites poches surprises. Je ne les montre pas, sinon ce ne serait plus une surprise. Tout est amovible. C’est juste un système de scratchs. Si on n’est pas flemmard (ce qui n’est pas mon cas), on peut même les détacher pour les emmener en virée à pied dans les rues (si tu vis à Paris, par exemple, la capitale des écolos nantis qui roulent en SUV diesel à clim en cachette et en velib devant les caméras et détestent les vrais motos des pauvres travailleurs).
Et surtout, elles coûtent 5 euro l’unité. Soit un total de 15 euros ! A piloter avec un look adapté, bien évidemment. Casque intégral et veste de bioman proscrites. Pas trop de camo non plus, sinon ce serait total look. Une bonne grosse veste en cuir noir et des Climax feront l’affaire.
Si ton surplus militaire est nul ou que tu as peur d’y pénétrer, tu peux toujours te fournir chez nous à faible coût pour un look maximal :
En route pour l’aventure mes aminches !
Et n’oubliez pas. Tous les problèmes afférents aux sacoches vintage sont résumés de puis longtemps là :
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