2016 : gants moto obligatoires
En 2016, les gants moto seront obligatoires. Du coup j’ai stressé et je me suis demandé si je devais acheter d’horribles gants stocks. J’ai donc cherché sur le web. A partir de quand ? L’Etat ne sait pas. Ils devront être homologués. Quel sera le cahier des charges de cette nouvelle norme ? L’Etat ne sait pas. Nous, nous savons que nous en portons déjà tous, et que ceux que nous avons choisi de garder, c’est parce qu’ils étaient parfaitement adaptés à notre budget et à nos besoins spécifiques.
Il faut plaire à l’Europe, à l’Allemagne, à ll’obsession des normes. Plaques + pantalon et blouson + gilet fluo + expérimentations routières + gants stocks…la panoplie du Playmobil se profile.
Comme d’habitude, nous sommes victimes des rares motards touristes en short, débardeur et savates et surtout de pas mal de scoots en plastoc qui doublent par la droite et en sont encore à se demander si le casque est bien nécessaire.
Comme d’habitude, les prescripteurs ne sont pas des usagers. Ils n’ont qu’une vision statistique et fantasmagorique du terrain. Les rares membres du gouvernement, et le Président lui-même, à prétendre rouler en motocyclette, circulent vaguement en milieu urbain avec des scooters stocks. Bref, ils ne connaissent rien à la moto.
On a tous tout lu sur les détails de ces réformes. On voit bien que cela sent bon le lobbying, la démagogie et le besoin urgent d’argent. Nous savons que, pour diminuer le niveau de dangerosité qui nous menace, il y a bien d’autres mesures à prendre, comme celles qui concernent les glissières ou les revêtements. Nous savons aussi que le pire danger pour nous vient des autres usagers, et je n’entrerai pas ici dans les détails, car on pourrait écrire une saga plus longue que celle du Seigneur des Anneaux. On peut même oser dire que le taux de mortalité par suicide dans notre beau pays, tout spécialement chez les jeunes, est bien plus spectaculaire que celui de la mortalité routière. Mais là, on ne se bouscule pas trop pour prendre des mesures.
Mais voilà, je n’aime pas la politique de comptoir, ni les théories du complot, alors je vais plutôt choisir les deux angles d’attaque que je maîtrise le mieux : la philosophie, et le look.
Dans un premier temps, je ne vais pas vous réciter la Critique de la Raison Pure. Tout ce que je peux constater, c’est que le monde des politiciens et des politiciennes n’est pas vraiment le nôtre. Ils calculent sans relâche, aiment le pouvoir, et se méfient de l’imprévu. L’Esprit motard qui nous anime, ou devrait nous animer, ce serait plutôt la capacité à maîtriser une machine sans pour autant vouloir contrôler tout le système. Comme les compagnies d’assurance, les politiciens et les politiciennes veulent minimiser les risques. Nous, nous savons qu’une part de risque est absolument irréductible. On ne peut la nier. La mort ou l’amputation peuvent être au coin de la rue. En même temps, nous jouons un peu avec ce risque, car la somme de plaisirs apportés par ces machines et la sensation de liberté offerte par la route est plus forte. Ils œuvrent dans l’ombre mais nous roulons exposés. Regardez l’ex-ministre des finances grec. Il roule en XJR (à injection électronique, mais quand même). Et bien il a démissionné.
C’est ainsi. Pouvoir politique et moto ne font pas bon ménage. Le Che a voulu mêler les deux, et on a vu le résultat. On ne peut sillonner la pampa en Norton et organiser des plans agricoles sur 5 ans. Il faut choisir. Son plus jeune fils, Ernesto, gère désormais un business de visite touristique de Cuba en HD… tout un symbole.
Le Roi d’Espagne Juan Carlos est un vrai motard : il a abdiqué il y a 2 ans.
Coluche, un pur motard, a voulu se lancer dans la politique, et ils ne lui ont pas fait de cadeaux.
Nous subissons la pression des politiques. Et eux, ils subissent la pression des Supranationalités comme l’Europe ou les industries. Rappelons que la France produit beaucoup de voitures et quasiment plus de motos. On nous serine qui la première entreprise du pays, ce sont les artisans, mais on met sur la paille tout le tissu artisanal bécane parisien en interdisant la circulation aux brélons d’avant 2000. Avoir une moto, cela doit être onéreux, récent, moche et chiant, comme le MP3 qui menait le Prez voir sa copine (en costard, avec des pompes de villes et sans gants).
Non, la moto, la vraie, n’est pas un truc de blaireaux. C’est une chose légère qu’il faut pratiquer sérieusement, alors que les hommes politiques semblent plutôt enclins à gérer avec légèreté les choses sérieuses. Bon, je n’ai pas encore tout compris, mais j’y travaille, et je vous en dirai beaucoup plus beaucoup plus tard, quand ce sera trop tard, comme toujours avec la philo. Mais en résumé, je me dis qu’il y a une sorte de petite folie douce à s’obstiner à piloter une belle moto chaque jour au XXI° siècle. Et cette grâce sympathique est par essence incompatible avec l’exigence croissante de contrôle, de sécurisation et d’ordre qui anime notre monde. Les vrais motards sont restés des nomades au fond de leurs tripes. Ils sont toujours prêts à démarrer au quart de tour sur un coup de gueule. Cela effraie les sédentaires sanglés dans leurs fauteuils de bureau ou de voiture. C’est viscéral. L’illusion de liberté pousse les gens vers les centres commerciaux. Le sentiment de liberté nous jette sur la route. Ils veulent des usagers, mais nous, on est en balade. Ils doivent savoir où nous allons, alors qu’au fond, ils ne savent même pas où ils nous mènent.
Bien sûr, pas plus que les autres, le motard de caractère ne saurait échapper au monde. Nous respectons des codes, des règles, des lois et nous sommes plus ou moins intégrés socialement. Mais c’est une autre manière d’évoluer dans le monde. Ce n’est pas l’endroit où l’on se rend qui compte, mais la manière d’y arriver, le cheminement. Les constructeurs, eux se vantent de pouvoir nous sortir des automobiles dénuées de volant, qui respectent les distances de sécurité, évitent les obstacles et se garent toutes seules. Le volant n’est plus là que pour l’illusion de liberté du client. Tout a commencé avec la Prius, et c’est loin d’être achevé. Pourtant, les voitures aussi ont connu des heures glorieuses. Mac Queen ne circulait pas qu’en moto, vous me suivez ? Mais, malgré certains looks néo-rétros de pacotille, les voitures sont devenues insipides. Dans cet univers normé, connecté et programmé, la moto fait tache. C’est visuel. Cela fait peur…et en même temps ça rend jaloux.
Et j’en viens donc tout naturellement à ce qui rend le plus jaloux les aigris : le look du motard de caractère (ça, c’est l’art de la transition !).
Ici, vous me voyez pris d’une soudaine envie de pleurer. Que vais-je faire de tout ça ?
Les blancs, c’est du « travaux publics » et ça protège des radiations : non homologués !
Les noirs en cuir, c’est ce que portaient les militaires autrefois, dont un bon paquet de gendarmes motorisés. Ils ont sauvé la peau douce des paumes d’Aude-Emmanuelle : non homologués !
Les noirs stocks en haut à droite, je les ai payés une misère sur un marché à Barcelone. Il y a des coques renforcées de partout et même Disney m’a contacté pour les prêter lors du tournage de Star Wars Episode VII. Mais la seule étiquette à l’intérieur c’est « Made in Pakistan » : non homologués !
Pour mes Motostuckas, indestructibles et que j’avais prévu de faire vieillir comme un bon vin, vais-je devoir annoncer à mon pote Rob qu’il peut déjà arrêter de les coudre pour la clientèle française ? Bin oui : non homologués !
Et les mitaines ? Et les gants de squelettes ? Et les gants Mappa ? Et les moufles de Pierre ? NON HO-MO-LO-GUES !
Et là je tourne le regard vers ma collection de vieux cuirs patinés par les intempéries et même par les gamelles. Il n’y a pas de plaques en plastoc qui polluent dedans. C’est juste du cuir si épais que mon couteau de chasse ne passe pas à travers : non homologués ?
Et mes boots ? Et moi au fait ? Et vous les copains et les copines, vous êtes homologués ?
Dans les années 50, on se contentait de ne pas trop braver les interdits. En Mai 68, il était interdit d’interdire. Au XXI° siècle, on a juste le droit de faire ce qui est permis.
Voilà, je vous laisse méditer cette belle formule en attendant que le décret nous tombe sur la tête, euh, sur mon casque homologué muni de stickers réfléchissants.
La bise.
Clay
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3 commentaires
Koichi
Merci Clay!!!
From Koichi
Clay
You know Koichi, it is all about the new law in France. The government wants us to wear specific gloves with official standards.
あなたは Koichi を知っています、それはすべてがフランスで新しい法律を頭で突くということです。 政府は一緒に特定のグラブをするべき合衆国標準的な当局者を欲します。
Franck
Le gant est juste un faux combat qui permet de bomber le torse à peu de frais.