Road to Paloma
Comment vous parler d’un film et vous donner envie de le voir sans vous raconter la fin mais tout en vous montrant que j’ai tout compris mieux que tout le monde ? Hummm. Essayons voir. C’est Road to Paloma. Pas encore sorti en France, et donc encore moins à la Réunion. Si un jour vous le voyez à l’affiche, vous penserez à moi et enfourcherez votre belle bécane, cheveux aux vents (avec le casque au-dessus, hein !). Sinon, restez dans votre canapé et passez par la VOD ou tout autre système, vu qu’il est dispo en ligne.
Néo Western ? Road movie ? Vidéo clip complaisant? Remake de Easy Rider? Into the Wild sur deux roues? Une évocation de Rusty James et de The Wild One ? Un peu de tout ça, mais bien plus encore. C’est du Sophocle, au fond. Il tue spirituellement son père en faisant le job à sa place, bafouant la loi des hommes pour incarner la némésis divine. Et il se donne beaucoup de mal pour rejoindre le ventre de maman, ce qu’illustre à la perfection la scène finale.
Tu as une HD et tu n’as pas vu ce film ? Ouah ct’e honte ! Tu as un custom japonais et tu n’as pas vu ce film ? Ouah c’te honte !
Pour vous la faire courte : Wolf possède un bobber rigide limite rusty, une vraie merveille. Il suit une route, en gros un long cordon ombilical qui le relie du désert Mojave à un lac symbolisant Môman et la nostalgie de l’âge fœtal. Il fait des jobs de cow boy et de la mécanique chez un clone du keum pour se payer son carbu, comme Willy et Olivier.
Ah oui, j’oubliais…c’est un beau gosse herculéen, ce qui rend possible le visionnage en couple avec madame. Jason Momoa, alias Wolf (prénom de son fiston dans la vraie life). Un ancien mannequin d’Honolulu qui a commencé sa carrière dans Bay Watch. Une sorte de Mix entre Antonio Banderas, Geronimo et l’ex de la Calissi . Tiens, bin ça tombe bien, puisque c’était bien lui Khal Drogo dans Games of Thrones. Et même que c’est lui qui a réalisé le film !
Quand sa meule roule, il file chez son dab pour fumer un bang en terre cuite en l’honneur des ancêtres. Ça lui donne sa route mieux qu’un GPS. Alors là il ride dans plein de décors à se taper le cul par terre avec des musiques d’anthologie. En gros, quand ça roule, c’est du blues, et quand ça plane , c’est le genre de zique acide jazz qu’on pouvait écouter dans les vidéos de longboard, quand je m’intéressait aux planches vintages bien avant que l’industrie du surf et de la moto ne se jette dans la course.
Bon, c’est une course en avant. C’est comme pour tous les road movies : c’est initiatique, et on sait que ça va finir mal. Beau, mais mal. Normal, avec Timothy V. Murphy comme salaud du FBI à sa poursuite, vous espériez quoi ? Qu’il reprenne les études et se fasse couper les cheveux pour se faire embaucher chez Disney ?
Au passage, Wolf ramasse un rocker gringo chevelu en Yamaha, un ami d’enfance, une petite sœur et même un bébé. Il prend toute de même le temps de nous faire des clins d’œil, comme la baston dans le plus pur style du Cogneur de Clint Eastwood, ou encore le passage à tabac d’un putain de violeur pris sur le fait (encore Eastwood, ou Bronson, c’est comme on veut).
Bien sûr, en chemin, il rencontre l’amour suprême. Une bomba (la petite Bonet, son épouse légitime dans la true life, une ancienne du Cosby Show) qui a la bonne idée de mettre sa Chevy rose de 55 en panne sur le chemin de notre bel indien. Bien entendu, cela va l’affaiblir. Tel Samson qui voit ses super pouvoirs s’envoler avec ses mèches de cheveux, Wolf se laisse tailler la barbe avec un couteau de chasse, afin de bien prouver qu’il n’est pas un hipster. Oui, c’est bourré de clichés, au propre comme au figuré. Oui, vous ne pouvez attendre de révolution de la part d’un genre dont les canons furent fixés dès la naissance du rockabilly.
Mais oubliez toutes ces fadaises. Que reste –t-il vraiment de Road to Paloma ? Des images de ride à se damner. Une camaraderie sur la route comme jamais. La magnifique image du générique de fin, et une ou deux répliques grandioses :
Et surtout, le charisme de ce géant placide qui n’a en rien la rage de Brando. C’est juste un théoricien de la loi naturelle. Mais le droit positif ne l’entend pas de cette oreille. Qu’à cela ne tienne, l’animal dévore l’asphalte et crève l’écran. On a vu ce film plein de fois. Des clichés et des poncifs. Mais c’est assumé. On peut apprécier le goût de l’évasion, même si on est un piéton. Mais si on est un motard de caractère, on peut se repasser ce film en boucle. C’est un peu le Grand Bleu du Biker. En gros, on s’en fout, parce que c’est juste bon à regarder, et qu’ensuite on n’a plus qu’une envie : chausser ses boots et enfourcher sa meule en route pour nowhere. N’est ce point-là ce qu’il est permis d’attendre d’un film de moto culte, jeunes gens ?
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