L’esprit du café racer

Thomas voulait venir au premier apéro Claymotorcycles.com, mais il y avait la grève des pompistes. Il était même venu repérer les lieux la veille ! Pour le deuxième, il a encore eu une galère. Mais il a hâte de vous rencontrer pour avoir des conseils quant à sa CB500. Quelle excellente base !

Thomas est un pote d’enfants de mes potes : ça va, on suit toujours ? Il n’a pas 20 ans et il est en 3° année de chimie. Je ne l’ai jamais rencontré, mais, une fois n’est pas coutume, je fais un post sur son projet car :

-il force le respect

-il a besoin de nous (on ne fait pas une collecte, hein, je vous rassure ;-))

-je suis certain que vous allez vous régaler à lui suggérer telle ou telle modif.

De mon côté, je lui ai déjà glissé une ou deux adresses, ici à la Réunion, d’artisans susceptibles d’intervenir quand il n’a pas le matériel ou les compétences.

On y va ! Ce qui m’a décidé, c’est ce genre de photos :

Vous me suivez ? On est au cœur même (et même, « ça même-même ! ») de l’esprit Café Racer !

Ce p’tit gars a :

-une petite amie patiente (c’est l’ingrédient essentiel, croyez-moi, et c’est pourquoi, il nous faudra attendre un certain temps avant d’avoir un post du genre « La fameuse prépa de Clay »)

-un moral d’acier

-une disqueuse, mais pas de garage : on attaque direct sur le trottoir, avec les marmailles du quartier qui tournent à vélo en se bidonnant. Je ne vous avais pas menti : ça force le respect !

Nombre d’entre nous avons attendu pas mal de temps avant de pouvoir tourner la poignée d’accélérateur de la machine de nos rêves. Certains ont fait des enfants, alors il fallait tout sacrifier pour un sale monospace informe. D’autres ont bossé dur et n’avaient pas le temps de passer le permis. Le gars qui met l’essence dans mon résé est devenu un dalon. Mais ce n’est que l’autre jour qu’il m’a avoué avoir son permis moto depuis 1993. « Encore un an de disette pour payer la maison. » m’explique-t-il. « J’ai tout investi dedans. Quand elle sera remboursée, j’achèterai une bécane et je roulerai, juste comme ça, n’importe où, sans savoir où j’irais… »

Thomas, lui, a choisi l’autre route. Il a voulu sa moto dès le début. Et il a tout mis en œuvre, à la sueur de son front (et servir les frites, c’est très chaud…) pour l’acquérir au plus vite et la garder, malgré l’insistance répétée des automobilistes à lui barrer la route. Allons plus loin, il a dézingué son cadre avant même de savoir exactement comment le souder par la suite. Inconscience de jeunesse ? Pas du tout : c’est la seule voie ! Pas à se prendre la tête sur photoshop pendant des heures. Pas besoin de demander un rdv avec la conseillère banquière « Oui, bonjour Monsieur. Investir dans une moto ? Mais vous n’avez pas vu l’état de votre PEL ? ». Il renonce à commander certaines pièces trop onéreuses, mais il aura quand même son café racer. Pourquoi ? Parce qu’il a emprunté une disqueuse. J’ai adoré son geste cool de ciseaux, façon rappeur. Quel humour ! Et en même temps, c’est bien là le sérieux de l’affaire. Ses potes lui ont posté direct qu’il était fou, que ce n’était pas street legal. Mais que va dire l’assureur ? Coupe ! Coupe ! Thomas a décidé. En latin, « décido », qui a donné en français « décider », signifie « je coupe ». Fini le cordon qui te relie à l’usine et aux normes. Plus de retour possible. Un coup de jus, de l’huile de coude, et à nous la liberté !

En bref, il veut changer le train avant, le bras oscillant, les amortos et lui faire une déco « pirate ». Je trouve la base noire saine, sobre et racée et me méfie un peu de fioritures pleines de skulls. Je préfère les porter directement sur ma personne, ce qui n’est pas du goût de tous non plus me direz-vous. Pour Thomas, chaque option choisie engage pas mal d’heures de travail à servir des sandwichs ronds à des clients impatients qui, pour la plupart, se foutent pas mal des motos. N’hésitez pas à poster des commentaires constructifs et bienveillants, car ce projet le mérite, non ?

« -Clay : Alors, Thomas, raconte-nous tout depuis le début ! 

-Thomas « J’ai toujours aimé la moto mais je n’ai jamais pu en faire car aucun membre de ma famille n’est motard et je n’avais presque aucun pote motard. Mais je me suis dit « pourquoi pas? ». J’ai vu une auto-école à côté de la fac et je suis parti m’inscrire, j’ai eu mon permis rapidement et du premier coup s’il vous plait !  Donc en Novembre 2011, du haut de mes 18 ans, ça y est j’étais un « motard » du moins, je pensais l’être. N’ayant pas beaucoup d’argent et mes parents étant terrifiés à l’idée que je roule sur 2 roues (voir 1 seule roue 😉 ), mon père a passé la formation pour conduire une 125 et on s’est acheté une moto, une 125 CBF.

Au début, ça allait, je vivais à Ste Clotilde, c’était pas mal pour aller à la fac, mais quand on  a déménagé et qu’on est allé s’installer à la Possession, c’était plus possible, beaucoup trop dangereuse cette moto pour la route du Littoral… Du coup j’ai trouvé un taf (serveur chez Mcdo) et je suis allé bosser pendant les vacances dans le but de m’acheter un gros cube. J’ai repris la fac, et j’ai vu que c’était pas mal de bosser à la fac et au Mcdo donc j’ai continué et voilà, fin février 2012 j’avais mon CB500. Je me souviens encore de l’annonce sur Le bon coin  » vend 2 motos : une 125 et une 500″. C’était une femme, gérante d’une auto-école, qui vendait son CB qui avait servi de moto école pendant 5 ans, puis qui avait dormi pendant 5 longues années supplémentaires. C’était un CB 500 N de 2001 qui affichait 46 000km, elle avait encore les protections sur les carters et le guidon. Je l’ai dégotée pour 1650€. Elle était pas en super état et la première fois que je l’ai amenée chez un ami mécano, il était fou que je me sois acheté ça, en disant que c’était irresponsable de la part d’une gérante auto-école de vendre une moto dans cet état !  Je me souviens que d’après lui, le liquide de frein n’avait pas été changé depuis au moins 5 ans ! Enfin moi, j’avais 18ans une moto à mon nom, j’étais le roi du monde.

Donc voilà, je roulais tous les jours, c’était génial jusqu’à ce que…

Un matin en descendant par Boeuf mort, c’est le nom du chemin, sur un virage serré, une voiture se pointe en plein milieu de la route… Un pneu usé, un mauvais freinage et une trop faible expérience de la moto ont eu raison de moi… Et BIM contre le pare-chocs !

Bref, je passe les détails, la moto avait une sale gueule… On trouve un nouveau réservoir à la casse mais il est noir… Tant pis, la moto va le devenir. J’ai commencé à être un membre actif du forum cb 500 (http://forum.cb500.org/) et là, avec l’aide d’internet, j’ai appris la mécanique tout seul, n’y connaissant rien. Mais aussi la peinture et petit à petit j’ai bien retapé la moto.

Donc voilà la moto était très propre.

Mais j’étais encore avide de bricolage…Là j’avais plus rien à faire. Puis à ma grande surprise, en septembre 2013 un mec m’a complètement coupé la route. La moto avait pas mal ramassé…

 L’expert est passé il a dit « un compteur + une fourche 3400€, on est loin de la valeur du véhicule ». Du coup on m’a donné un beau chèque de 1500€ et on me l’a rendue comme ça en me disant que je pouvais rouler mais le prochain propriétaire, lui, ne le pourra pas car ce sera impossible de mettre la carte grise à son nom…

J’ai acheté une nouvelle fourche, j’ai essayé de la vendre 1000, 900, 800 personne n’en voulait à part les rigolos… Et là je me suis dit, « Tant pis je vais en faire ce que j’en veux! » Sur le forum, il y avait des gars qui faisaient des trucs monstrueux, fourche de 1000 GSXR, modification des carbus. Et là, il y avait un gars qui avait mis une selle de Ducati monster et c’était vraiment nickel, je me suis dit qu’il fallait essayer. J’ai posé des questions au mec, il m’a répondu et donné des conseils. J’ai cherché sur le bon coin, j’ai trouvé une selle pour 60€ et le gars était d’accord pour me l’envoyer. Du coup j’ai eu ma selle pour 90€ : c’est cher mais je pense que j’ai fait une affaire par rapport au prix d’ici.

Donc voilà, j’attaque les modifs. Il fait beau, je propose à un pote de la fac qui adore la mécanique comme moi de venir me donner un coup de main. Il accepte et c’est parti. On vire la selle.On enlève la barre pour se tenir, la coque arrière, le feu arrière, le support plaque et clignotant, on en est là.

On souffle un bon coup et c’est parti! On coupe les deux côté du cadre et voilà ce qu’on obtient!

On positionne la nouvelle selle dessus et c’est carrément énorme!

Pour la partie cablage, il y avait tout plein de câbles accrochés au cadre côté droit (feu, clignotant, CDI et centrale clignotante). On a décidé de faire un trou dans le coffre de la moto et d’y ranger tout ça, certes, on va perdre de la place mais de toute façon, il n’y a que mon bloc disque à l’intérieur!  

Donc voilà , après il s’est mis à pleuvoir et mon garage trottoir n’a pas de toit 🙂 Donc prochaine étape, trouver un soudeur pour refermer le cadre, ainsi on pourra commencer le nouveau support de plaque et clignotant! Le guidon, c’est un « acebar » de tomaselli,  réglable (c’est super), ils en vendent suivant le diamètre du té sup (37,41 etc…) donc compatible avec la plupart des motos. A mon grand regret, il n y a pas de commandes reculés, les seules que j’ai trouvé sont faites par un artisan dans le nord de la France pour 300e…
Après la selle, je vais poser un train avant complet de 600 cbr Pc25 ( année 1992-1995), il faudra aussi que je change le compteur.

-Clay : Merci Thomas et encore toutes nos félicitations pour ta passion pour la moto et le custom, pour ta ténacité et nous sommes certains que ce CB va devenir un des jolis café racers qui tournent sur l’île ! »

Et pour finir, le fameux QUESTIONNAIRE CLAYMOTORCYCLES.COM :

1. Années de pratique :ça fait un petit plus de 2 ans

2. Motos passées et présente:   Pas beaucoup d’expérience donc pas beaucoup de moto, j’ai commencé en 125 CBF là, je suis en CB500 depuis 2 ans. Bon j’avoue parfois mon voisin me prêtait son 900 Hornet c’était TOP!

 3. Motos préférées : Mon cb500, c’est un véritable hisoire d’amour après tout ce qu’on a vécu 🙂

 4. Pourquoi la moto : Parce que c’est vraiment trop cool. Quand le matin je me lève pour aller à la fac, même si ce n’est pas une bonne journée, personne ne peut m’enlever mes 30km de moto et c’est vraiment un pur bonheur!

5. Ma plus belle histoire de motard : Le rallye gendarmerie, je m’attendais à un rendez vous un peu nul… Au contraire, c’était vraiment excellent et super sympa!!! 😀

 6. Ma pire expérience de motard : Ma pire expérience, je pense que c’est une chute, j’ai à peine 20 ans et je me suis déjà fait renversé 3 fois, à chaque fois sans grosses blessures mais bon…

7. Ce que je préfère : Rouler en « meute », croire que la route nous appartient, se sentir libre…

 8. Ce que je déteste : Les pluies tropicales qui te trempent la gueule en à peine 1 min

 9. L’avenir de la moto : Se mobiliser, rester souder et faire perdurer l’esprit motard!

 10. La moto en un mot : Pour moi, il y en a 2, c’est « liberté » et « opposition » ça nous fait, « oppoberté »

Dernière minute: le cadre est déjà refermé!