Quel look à moto?
Le saviez-vous ? Les gens jugent les autres sur les apparences, sur le look. C’est mal. C’est idiot. Cela peut leur ménager de sacrées surprises. Certes, mais ils le font quand même. C’est superficiel, mais pour le motard de caractère, être au-dessus de la mêlée en assumant pleinement les fringues qu’il adore, sans juger les autres, c’est une forme suprême de zénitude.
Juger les gens ? C’est dû en partie au raisonnement par induction. J’observe un ou deux cas de la même espèce et du coup je classe tous les cas du même type dans la même fonction ou catégorie. Pour les matheux, c’est un peu comme le raisonnement par récurrence. C’est très facile pour s’adapter aux situations du quotidien. La plaque chauffante brûle quand elle est rouge, donc je me méfie désormais à chaque fois que j’en vois une. C’est plus simplet et inadéquat quand il s’agit des gens. Un motard m’a fait un doigt d’honneur ? Alors tous les motards sont de grossiers personnages. On le voit, ce type de catégorisation a vite fait de nous faire basculer dans le préjugé, le stéréotype, le rejet de l’autre, voire le racisme. Les enfants le font souvent, car cela les rassure. Mais ce ne sont que des enfants. C’est aux adultes de les aider à apprendre. Mais ils ne le font pas toujours.
C’est ainsi que nombre de gens d’un certain âge pensent avoir acquis de la sagesse en caricaturant tout, alors qu’ils n’ont fait que régresser à un stade fort puéril.
Quant à moi j’ai plus de chance. Fort d’une expérience de la vie fondée sur des rencontres nombreuses, insolites et surprenantes, j’ai appris à ne pas le faire. Je suis indulgent avec la connerie des autres, car jamais je n’oublie la mienne propre. Sans devenir complètement philosophe, j’ai compris depuis quelques années déjà qu’il convient de se méfier des informations que nos sens mal dégrossis envoient à notre imagination. Le clodo qui m’écoute pérorer sur l’avenir de la planète en terrasse est titulaire d’une chaire en Sciences politiques à la Sorbonne. La gamine à qui je fais la gueule parce qu’elle est trop lente à me servir mon hamburger va bientôt réussir son concours pour intégrer la gendarmerie nationale où elle veut devenir motarde. La dame en voiture hybride que je traite de baltringue parce qu’elle ne me laisse pas passer est en fait ma future belle-mère. Bon, OK, raison de plus pour la traiter de baltringue. Belle Maman, si tu nous lis…
Bref, les autres nous jugent. Et bien évidemment, quand vous êtes à moto, les gens vous regardent et vous scannent. Le look motard est à la mode. Toujours. Les boots de biker et le perfecto font souvent leur come-back dans les catalogues de prêt-à-porter féminins. La haute couture recycle en ce moment même les prépas hipsters pour égayer ses pubs dans les mags de luxe. Et ne faites pas comme les gens qui se mirent dans les vitres sans tain des bureaux : c’est dangereux et narcissique. Si vous assurez, le regard des gens vous en dit déjà assez long. Certains ne peuvent vivre sapés en motard au boulot, et c’est bien dommage. Quel plaisir de garder la même tenue pour rouler, bosser, aller au bar et se finir à une expo !
Même quand ils n’y connaissent rien, les caisseux, les piétons et autres néophytes savent bien différencier un motard utilitaire avec top case et souliers de ville vernis où on voit bien les chaussettes, un gros touriste permanent en combo tee-shirt-short-basquets et un gars ou une fille stylés.
Bon, pour les filles, c’est un peu différent. La fille motarde, c’est déjà tellement en soi un mythe que, du moment que vous échappez au stéréotype de l’hommasse en bottes de chantier, tout est bon.
Pour les gars, nous n’allons pas nous lancer dans une typologie du genre « hipster barbu VS bioman fluo VS biker à jaquette patchée ». Telle n’est pas la philosophie de cet article. Quelle que soit votre tribu, l’essentiel est d’être à peu près raccord avec votre bécane. Un gars hyper classe sur une meule pourrie, cela peut passer pour une marque de snobisme. Mais un look de merde sur une magnifique monture, c’est juste une faute de goût.
Quelle tristesse, ces jolies HD avec un casque intégral de compète, ces vieilles BM avec un anorak offert par une banque ou ces Ducates carénées avec un bermuda et des crocs…
Surtout, ce n’est pas une question d’argent. Si on a plusieurs patates à mettre dans une moto, pourquoi donc ne pas faire un petit effort de tenue ? Désolé, mais les gars qui me toisent de haut sur leurs motos neuves alors qu’ils sont sapés comme au bureau avec leurs petits souliers bien plats sur le bitume, ça me fait bien marrer. Ose les boots et laisse une paire de pompes de pingouin au taf, non ? Et les marques ont fait pas mal pour sortir des godasses de motards compatibles avec toutes les tenues de playmobils possibles, du guichetier au bûcheron en passant par le prof de sport.
L’idée, ce serait donc d’être à peu près raccord avec sa moto, sans pour autant en faire trop. Pas facile !
Parfois, je veux faire peur aux caisseux pour qu’ils me laissent passer. Je suis pressé. C’est très efficace. Ils n’ont que quelques secondes pour nous jauger dans leur rétro. Et là, ils se rappellent qu’ils ont un rétro ! Mais il ne faut surtout pas adopter ce look avec le Dax, ou toute autre mini moto, sinon…
Parfois, j’ai envie de faire de l’autopromotion, et là, tout est bon, et tout le monde y passe. Au feu c’est pratique : « Tu en as d’autres des motos comme celle-là ?
-Yes, sur mon blog.
-C’est quoi l’adresse ?
-Regarde dans mon dos ! »
Excellent stratagème pour inciter l’autre à vous laisser partir en preum’s !
Mais parfois, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve que j’en fais trop. ça devient vraiment du grand n’importe nawak ce truc. Même au Wheels & Waves, la manif où mes potes font cramer les Brought Superior déguisés en Grand Sachem, je me taperais une totale honte et les enfants du cru me jetteraient des galets.
Ces derniers temps, je me sens un peu las de toute cette fureur, alors j’aspire à la simplicité et à la discrétion. Je roule seul, je ne participe à aucune sortie, et je regarde les autres et le paysage en souriant.
Du coup, j’ai débusqué cette veste en cuir à 50 euros chez un destockeur. J’ai donc là un look raccord avec mes meules et avec mon humeur du moment : n’est-ce point là l’essentiel ?
J’en vois d’ici qui vont poster des commentaires sur le caractère superficiel de ce post. Toujours les mêmes rabat-joie qui me sermonnent sporadiquement sur FB : « Chacun fait comme il peut avec ce qu’il a…Tous les goûts sont dans la nature… Et les normes de protection, hein ?…Et le cuir qui provient des animaux qui sont nos amis, hein ?»
Désolé les gars et les filles, mais je ne respecte pas ce type d’assertions pseudo- philosophiques hyper moralisatrices-frustrantes-castratrices- relativistes-grégaires. Sous couvert de salut de la planète et de respect des autres, nous avons là une belle bande de petits intolérants qui récitent un préchi précha qui leur donne une bonne conscience les autorisant à nous les briser menu.
Alors non au goût de chiottes ! Mais qui suis-je pour juger ? Après tout, j’adore moi-même les nains de jardin et je possède une paire de chaussons d’hiver aux couleurs de l’Union Jack. C’est vrai. Mais je ne vous conseillerai jamais de m’imiter, même si les nains maintiennent les cons sans humour loin de ton « home sweat home » et que ta grand-mère anglaise te le dirait : « On attrape froid par les pieds ! ». Mais bon, je ne trimbale pas ces items douteux à moto. Et puis j’ai envie de leur demander pourquoi ils lisent mes articles. C’est marqué « Moto de caractère », non ? Ce serait peut-être plus indiqué de retourner fantasmer sur les soi-disant nouveautés fluo que leur pondent les catalogues stock et qui nous dégoûtaient déjà quand on tentait de nous les fourguer au début des eighties.
Non, moi je le clame haut et fort : Soyons rock & roll ! Restons joueurs !
TEST : sauras-tu trouver les motards raccords avec leur monture ?
Tu es toujours là ? Tu as survécu au test ? Fort bien jeunes Padawan. Alors il est venu pour moi de te révéler le Grand Secret de la mode. Chacun veut être remarqué, mais pas trop. Nous sommes tous mus par un désir de reconnaissance. On veut exister…dans le regard des autres. Surtout dans celui de ceux qui comptent pour nous. Mais attention au syndrome du petit mouton. On ne veut surtout pas être trop singulier. Le « monstre », c’est celui que l’on montre du doigt. La prépa cool peut vite basculer dans le ridicule avec le détail de trop. Du coup, tout le monde fait comme les autres, à un détail près. A cause du Corsair, je suis inscrit sur tous les forums XJR de la planète. Le gens se postent des photos de cette bécane. « La mienne est rouge. Oui, mais la mienne est jaune. Rien ne vaut les bleues ! » Elles sont pourtant toutes identiques, comme sorties d’usine. Quand j’ai posté la mienne il y a un an et demi, je me suis fait traiter d’hérétique. Mais depuis 6 mois, la mienne paraît bien sage, perdue au milieu des café racers tous avec les bracelets et la selle mono. Rien ne résume mieux la formule de surfers bretons que j’ai pu croiser à l’eau et dans les bars à Brest autrefois.
Ces gars avaient fondé une marque de surfwear appelée à ,remporter un gros succès : Kanabeach . Au début, ils vendaient leurs sapes sur les marchés. On jouait au billard avec eux, on buvait des mousses et on se croisait sur les spots brumeux. Ensuite, c’est devenu une grosse boîte, mais la disparition de Fred a compromis l’avenir de cette belle aventure. La signature de la boîte était énorme : « All different, but all together ». On peut traduire ceci comme un bel idéal : « On ne fait rien comme les autres, mais on le fait tous ensemble ». Mais j’ai toujours préféré y lire le secret total de ce que Baudrillard nommait la « société de consommation » : « Tous différents, mais tous ensemble ». Voilà mon pote ; digère ça ma petite : tu as là le principe fondamental de la mode. Pour le résumer de manière conceptuelle et paradoxale : individualisme et conformisme sont parfaitement compatibles.
Et du coup l’éternel retour du même se comprend mieux. Le recyclage permanent d’une société qui peine à se réinventer depuis la Seconde Guerre Mondiale et les Trente Glorieuses : les pattes d’eph, le rockabilly, les choppers, le new age, le steam punk…Avec le « vintage » et le néo-rétro, la boucle est bouclée et on patine enfin explicitement dans le vide. Les dandys du XIX° siècle ? Mais non ! C’était la New Wave des années 80. Mais non ! C’était les Gentlemen Riders des années 2010. On n’en finira jamais.
Je vais vous livrer toute la vérité. J’avais un tee-shirt de la Jamaïque. La bière Red Stripe. Une sirène sexy avec une banderole et le logo. Mon tee-shirt fétiche. Tu sais? On en a tous un. Celui avec lequel tu as passé ton bac/ ton permis / embrassé deux filles en même temps / vomi dans la bouche de ta belle soeur / dormi avec dans le camio, les chiottes, le bar, la cellule de dégrisement. IL était distendu et bouffé à mites. Mon ex me l’a fait jeter. Ne fais jamais ça mon frère !!! Je le cherche toujours !
Le logo du blog? La sexy Mermaid? C’est ça ! Mais basé sur ma femme. Celle de ma vie (VENGEANCE). Le blog? C’est juste pour ce tee-shirt ! Bon, là je m’emporte. Au passage, si tu m’envoies l’image de ce mythe perdu, tu gagnes un scarf Claymotorcycles.
De toute façon, quand vient la pluie, il y a un truc qui met tout le monde d’accord : la sudisette !!!
Alors en gros, la seule philosophie du look motard, ce serait de rouler tellement vite que personne ne peut voir à quoi vous ressemblez, ou tellement cool que personne n’a le temps de vous voir dans le rétro. Faites votre choix…question de style !
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7 commentaires
pascal
tout a fait d accord fo etre raccord avec sa mob, moi j ai une belle moto ,normal !je suis beau ,et kan té moche et ben ta une becanne pourave……….. héhéhéééééé
Clay
Bravo Pascal ! Je vois que tu as saisi la subtilité de cet article. Les pouraves roulent sur des meules pouraves…quoique ???
Pedegasc
Excellent article ! La véritable question étant… où est ce que tu as trouvé ton cuir à 50 euros !
Clay
Merci à toi ! Le cuir je l’ai débusqué dans une friperie de la Réunion. En métropole tu dois avoir plus de choix 🙂
Celia
Salut.
La première fois que j’ai vu une Ducati Diavel, c’était dans les pyrénées peu de temps aprs sa sortie et le gars était en crocs. En crocs ! Je l’ai salué, il m’a répondu mais je suis restée conne : comment peut-on conduire une bécane pareille en crocs ???
Je n’ai toujours pas compris !
Par contre, les fausses chaussures de rando dans les magasins genre ChaussLand (ou les premiers prix de chaussures de randos chez Décathlon ou Intersport), c’est parfait comme protection ! J’ai eu le pied coincée sous une 600 Kawasaki rapport à une Clio qui m’avait grillé la priorité, verdict rien de cassé, même pas mal ! Pareil sous une Suzuki Marauder (après une gamelle pour laquelle je n’ai aucune explication rationnelle) sauf que c’était l’autre pied. Et elles sont largement moins chères que les chaussures homologuées à la norme machinchose !
Clay
Mon pote Jean fait de la fonte d’aluminium en crocs 🙂
Je dois avoir une paire de Helstons homologuées, parfaites à vrai dire. J’ai plein de boots non homologuées très solides. Même une paire de kickers ! Je ne doute pas de l’efficacité des pompes de sport, mais je reste réservé quant au style, surtout une fois arrivé au boulot. Tant qu’à faire dans l’utilitaire, rien ne vaut une bonne paire de rangers, ah ! Ah!
Celia
Bonjour.
Pour le boulot, pas de soucis, je les ai habitué à pire !
Bientôt 60 ans et je portes encore des t-shirts AC/DC !
Et l’avantage d’avoir travaillé dans un domaine technique, c’est que tu mets ta combinaison, tes chaussures de sécurité en arrivant et tout le monde est pareil, ingénieur comme technicien (et technicienne). Ah si, on peut reconnaitre les ingénieurs parce que la plupart sont moins à l’aise surtout quand il y a du matériel à porter !
Les rangers, j’en ai eu une paire mais c’était une imitation et la semelle est partie en lambeau. Par contre, je me méfie de ceux qui ont une fermeture éclair sur le côté. OK, c’est pratique mais le zip incrusté dans la maléole si tu te retrouves le pied coincé sous la moto, ça me refroidit.