XR Customs : Bad bikes creator

Un nouveau préparateur à la Réunion ! Quand j’ai débusqué, il y a un ou deux mois, sur FB , quelques  clichés des bobbers de XR Customs, mon œil fut immédiatement attiré.  C’était bien basé à la Réunion, mais la finition était incroyable pour des 125 japonaises et en plus il utilisait les mêmes filtres que moi pour customiser ses photos.

Alors j’ai fait mon enquête, et je suis tombé sur ça…

Je ne sais pas, j’étais séduit par le côté « vélo » de cette petite machine et mon flair n’aller pas me tromper, vu que notre préparateur en a un tatoué sur ses gros bras, de vélo.

Parallèlement à cela, des copains du kayak me disaient « Faut que tu ailles voir XR Customs ! ». Rien que l’idée de permettre à de modestes proprios de 125 d’accéder au rêve, je trouvais le concept génial. Mais là ils m’affirmaient que le bougre il s’attaquait déjà aux moyennes cylindrées ! Le soir même, je décidai de contacter ce mystérieux préparateur jailli de nulle part.

Nous avons vite sympathisé. J’ai déjà tenté d’entrer en relation avec des gens de la presse moto spécialisée dans la moto de caractère et je n’ai essuyé que dédain et mépris. Mais quand je cause directement aux préparateurs, je tombe toujours sur des passionnés comme moi. C’est ainsi que j’ai eu le plaisir de voir des pros comme Chakal Kustom Paint ou Doc HD me consacrer largement de leur précieux temps (désormais CHAKOC), ou comme David Voulant, et encore Tony Design ou Tutu, les prochains sur ma liste quand je pourrai bouger sur St Pierre. Parfois, je sympathise avec eux bien avant que les mags ne soient capables de les localiser, comme ce fut le cas avec An-Bu Custom Motors au Japon, ou pour Greg de Black Shuck Kustom et Old Empire Motorcycles en Grande Bretagne. Vincent ne faillit pas à la règle : c’est un garçon modeste, facile d’accès et très naturel. Nous avons donc pris rdv. C’était à deux pas de chez moi, à Ste Clothilde. A quoi bon sortir la grosse artillerie ? J’irai donc en Dax.

Une vieille Honda Civic s’étale devant le portail d’entrée. Tiens, ça sent la «pousse »…Je fais pétarader ma superbe ligné d’échappement libre à 40 euros, et direct un gars jeune et costaud m’ouvre la porte. Je coupe le contact, et me retrouve entouré de jeunes gens cools et hilares. Il y a là Vincent, le maître d’œuvre, son frangin et deux ou trois dalons tous très accueillants. On me propose vite une binouze, mais bon j’essaye d’arrêter depuis deux jours, alors ça tombe mal. J’ai loupé le test, mais pas lui hein, et, d’une manière générale, quand je débarque pour une interview, c’est tout de même mieux d’en mettre une ou deux au frais. Les mauvaises habitudes, vous savez ce que c’est…Pas grave, un bon verre d’eau fraîche et me voici prêt à explorer les lieux.

En fait, tout est dans la cour ! Un vrai bouclard à ciel ouvert, avec une tente pour continuer à bosser un peu quand il ne pleut pas. Il y a même un salon de tatouage juste à côté ! L’entrée de la case de Vincent, et bien c’est son bureau. Pas de chichi, mais pas vraiment de bordel non plus. Des pièces moto partout. On bosse, dur et tout le temps, tout simplement, mais avec le sourire. Ça rappelle vraiment l’époque où on installait la DT 50 de mon pote Karim sur un parpaing pour la rehausser en greffant dessus d’improbables barres de métal.

Vincent m’explique que bientôt, il aura son garage à lui, mieux équipé, mais qu’il faut parer au plus pressé. Il a débuté officiellement son activité de préparateur moto il y a seulement 4 mois et a déjà vu défiler plus de 20 motos ! Oui, vous ne rêvez pas. Quand les magazines spécialisés nous présentent fièrement un gars qui a fait du chemin car il a passé sa dixième meule en 2 ans ! Vitesse ? Précipitation ? Non, il y a juste une envie de tout transformer, là, maintenant, très vite ! Une énergie dingue. Pour une 125, ne comptez pas plus de deux semaines ! Quand je pense que pour avoir ma planche de surf, je devais harceler les shapers pendant trois mois !

Il y a peut-être parfois des problèmes, comme cette fuite au réservoir, décelée à l’usage sur la n°5 ; mais l’équipe reconnaît sans problème la moindre erreur. C’est en forgeant…Le SAV est inclus dans le tarif. Et ça ne traîne pas non plus. Les tarifs, parlons-en. C’est en-dessous des prix métros ! Tout se discute avec le boss, mais se faire faire la meule de ses rêves, avec un vrai suivi personnalisé, devient plus abordable et plus cool que d’acheter une saleté sans âme et hyper cher au concessionnaire le plus proche.

Il me montre avec fierté la bécane qu’il prépare pour la Fête des Motards de l’Ile de la Réunion (RDV en Novembre à Guichard avec nos potes les Flibustiers Isla. Bourbon Brotherhood, mille sabords !). Certains détails ne trompent pas : la petite équipe se tient bien au courant de tout ce qui se fait en ce moment, entre FB et les R.A.D. brandis entre deux rasades de bière hollandaise. Je suis habitué des cachotteries et des prépas bichonnées en secret, enfermées et cadenassées dans des granges avant d’être dévoilées à la dernière minute. Quand je demande si cela ne pose pas de problème que je poste des photos du « work in progress », tout le monde se tait, étonné. Et puis il y a une franche rigolade ! « Mouah ! Ah! Mais pourquoi donc? Nous on s’en fout complètement ! Tu peux faire toutes les photos que tu veux Clay ! »

Il faut se résoudre à l’évidence : les jeun’s sont dans la place, et franchement ça fait du bien. Même si j’ai presque deux fois plus de printemps (subtile allusion au Fils de Craô) que certains de ces jeunes gens, je me sens parfaitement à l’aise. Ils sont issus des sports extrêmes et les treillis, les casquettes et le sens de la glisse me rappellent pas mal de bons souvenirs. Je dis à Vincent d’aller faire un tour sur la page de la Fédération Française des Riders, car leurs délires risquent de lui plaire. Chez XR Customs, on n’est pas dans la tradition de l’atelier calme dans lequel officie patiemment un vieux maître mécano. On n’est pas non plus chez des hipsters qui passent plus de temps à lisser leur barbe qu’à graisser des chaines. C’est autre chose. Si vous connaissez un peu la street culture, vous savez que les vélos que se fabriquent ces gars sont de vrais petits bijoux.

Vincent a toujours bidouillé la mécanique, avec ou sans moteur. C’est sa passion. Il est hyper ouvert d’esprit, et ça aussi , ça me plaît. A l’image de son look, en somme. Une casquette de basket façon rappeur assortie aux Jordan avec un treillis et un t-shirt à l’effigie de la faucheuse des S.O.A., j’étais pas vraiment habitué, dans un milieu où, contrairement aux idées reçues, les codes vestimentaires sont assez tranchés.

« J’aimerais bien refaire une HD de A à Z. On en a déjà vu passer une à l’atelier. J’aime bien. Là-bas, ce sera un café racer, là il y a un tracker que je viens de commencer mais qui est déjà vendu. Là, je voyais une autre déco, mais le client voulait un truc à la mode, et il avait déjà toutes les pièces. Par contre, elle était sale. (Eh oui, XR customs fait aussi des traitements moteurs nickel). On ne touche pas à la puissance des moteurs. On répare, on nettoie, on reconditionne. Celle-ci, je viens de l’acheter hier ! Elle est moche mais je vais vite rouler avec. Ce sera Ma moto !

« -Euh, rassure-moi, tu vas changer la ligne d’échappement ?

-Ah ! Ah ! Oui, c’est prévu… »

Précisons que le lendemain matin, la même moto était déjà noire avec des skulls plein le résé.

On sent bien que le jeune homme se fait les dents sur tout ce qu’il trouve et qu’il apprend en retravaillant ses classiques, avec une certaine prédilection pour le bobber V-Twin nippon, mais qu’il va vite ouvrir de nouvelles voies. Inutile de vous dire que je vais vous tenir au courant de l’évolution de son travail. Faut bien avouer que j’ai hâte de voir la suite et que ça m’excite à mort !

Mais il faut déjà se quitter. Je dois vite aller troquer le Dax contre un 1300 cc (ma fille ne veut pas se taper la honte à la sortie de son cours de gym), et le frangin de Vincent, responsable des peintures, m’explique, tout en démontant un carter de la Virago bleue, qu’ils doivent charger les pièces et foncer à La Montagne. « Tu comprends », m’explique-t-il en rigolant, « on a une cabine de peinture là-haut ».

Mince, j’ai bien l’impression que ceux-là sont encore plus malades que moi !

J’oubliais, mesdemoiselles, mais Vincent est ce qu’il est convenu d’appeler un pur bogoss, alors allez vite lui commander une 125 dès que vous aurez passé votre formation de 7 heures, plutôt que d’investir dans de la camelote en plastoc. Pour nous, il a, de très bon cœur, répondu à notre questionnaire bien tordu…

LE (désormais mythique) QUESTIONNAIRE C.M.C. COM

1. Années de pratique : on va dire officiellement 5 ans, ah ! Ah ! Et on va dire officiellement encore qu’avant j’avais fait beaucoup de trial. (Précisons d’emblée que Vincent est jeune, et qu’il est plusieurs fois champion de vtt trial).

2. Motos passées et présentes : la Virago 750 que je viens d’acheter et de retaper car je venais bosser en voiture et j’étais trop frustré de passer mes journées à customiser les motos des autres, une Kawa ZXR 750 Ninja, une Ducati Monster 600, un GSXR 1100, une 600 Hornet, un CBR 1000, et tant d’autres…
3. Moto préférée : la HD Forty Eight
4. Pourquoi la moto : c’était pour moi la suite logique du trial. Avec ou sans moteur, je veux deux roues.
5. Ma plus belle histoire de motard : hum…laisse-moi réfléchir…commençons plutôt par ma pire histoire…
6. Ma pire expérience de motard : un jour, je vais au boulot le matin et un automobiliste me fait une queue de poisson. Je le rattrape. Il m’insulte. Je le frappe. Et ça dégénère grave sur la chaussée, avec les gens qui appellent Freedom pour signaler qu’un motard fou frappe un conducteur innocent, la police qui débarque…ah ! Ah ! Oui, tu pourras mettre que c’est aussi ma plus belle histoire de motard ! 7. Ce que je préfère : rouler… 8.Ce qui m’énerve : les cons qui ne mettent pas leur clignotant. 9.L’avenir de la moto : un minimum de plastique et un maximum de style ! 10.La moto en un seul mot : Passion.