Le mythe de la combi
Créée en 1844 à Lyon par Louis Lafont pour son beau-père charpentier, la salopette (de « sale ») est un vêtement de travail composé d’un pantalon à taille haute qui se prolonge devant vers le haut avec des bretelles. Vêtement populaire, l’uniforme de Coluche fait son apparition dans la mode dans la première boutique d’Agnès B. en 1975. La salopette une tenue d’artisan, car il protège moins bien qu’un vêtement intégral. Certains la doublent avec un épais tablier de cuir.
Durant la révolution industrielle, les vêtements de travail traditionnels se renforcent pour la protection des ouvriers. Cela tombe bien, car le textile est lui-même en plein essor. Le chauffeur alimente en combustible les chaudières des machines à vapeur, en usine ou sur rail. Souvent en coton épais et lavable bleu, protégeant bien du feu et des projection, le bleu de chauffe devient la tenue des travailleurs, qu’ils descendent à la mine, usinent des pièces automobiles ou fondent les métaux. Aux states, on le fabrique en toile denim et la distinction entre « travailleur à col bleu » prolo et « col blanc » bourgeois s’enracine.
Dans l’univers des machines pilotées par un humain et des sports mécaniques, la combinaison de pompiste possède un statut plus polyvalent et moins tranché. De la F1 à la moto GP en passant par la chasse aérienne (nous ferons ici l’impasse sur la combinaison de plongée), la combinaison reste un standard, du mécano au pilote. Prenant la taille avec son élastique intégré et moulant les fesses, elle est depuis longtemps détournée par la mode et le prêt à porter féminin, parfois en version ultra-moulante, phénomène culminant avec les combinaisons de latex ou de nylon qui soulignent les formes des super-héroïnes dans les comics.
Mais avant tout, dans le monde de la moto, et à la base, la combinaison intégrale avec manches et boutonnière à l’avant reste essentiellement l’apanage des mécaniciens. C’est un vêtement solide et pratique qui s’enfile au-dessus du bon vieux marcel. Constellé de traces de graisses et de peinture, il est idéal pour s’allonger sous un pick up ou prendre à bras le corps un bon morceau de moteur bien lourd et bien sale. Mon pote Olivier en a une super, un vestige de la Marine Nationale, évidemment bleue, qui fait se pâmer les filles quand il l’entrouvre, laissant entrevoir un téton piercé. Mon pote Koichi de An-Bu Customotors est souvent pris en photo au boulot avec un modèle noir impeccable, en mode samuraï. Il doit en avoir tout un stock, car je l’ai même vu sur FB visiter Venise vêtu de la sorte.
Ne nous voilons pas la face mes amis, une fois de plus, la mode, les hipsters et les bobos ont détourné un symbole du prolétariat ouvrier pour en faire le nec plus ultra du style. Regardez bien les vidéos où apparaît Fred, le grand barbu de Blitz : il porte une super combi à la couleur improbable. El Solitario vient de lancer la sienne en vente en ligne.
Etant moi-même le cœur de cible, je me suis donc dégotté ma combi perso. Un modèle de l’armée hollandaise (hommage à une partie de la famille) m’attendait sagement au surplus US, soldé à 15 roros au lieu de 29. Je n’osais y croire. Mais j’essaye la toile kaki et hop ! Me voici tenu intégralement par une main de coton. Le gars avait la même taille d’épaules, de bras et de jambes que moi ! Mince, mais où est passée ma couche culotte ?
Il ne restait plus qu’à la faire floquer à nos armes par mon poto Julien de Energy Pub et l’affaire était jouée (même si cela double le prix de la dite combi).
La combi de mécano de l’armée : le test.
Vous vous rappelez le coup de blues quand votre mère vous a annoncé que c’était fini les baby intégraux avec semelles antidérapantes ? Désormais, il faudrait porter un pyge, et surtout en hiver cette satanée robe de chambre ! Oubliez ! C’est la totale régression. On est bien putain ! A poil dans ses fringues ! Bon j’ai gardé un calebute et des chaussettes, hein.
Ensuite, pour bricoler allongé dans le garage, c’est juste merveilleux. A l’heure de la pause binouze, quand il fait bien chaud, vous roulez le haut à la taille et nouez les manches autour. Effet garanti : votre chérie vous mate à la dérobée comme si vous étiez la réincarnation de Tom Cruise dans Top Gun !
Après, l’apothéose, c’est en bécane. On peut mettre le cuir au-dessus pour se protéger, mais c’est moins chouette. Rouler en combi ! On fait corps avec la machine. Bien sûr, nous avons tous déjà roulé avec une chiante combi de pluie. Mais là, c’est aéré. Totale liberté de mouvements. Il y a même des fentes latérales pour se replacer les boules (ne me dites pas que vous n’essayez jamais avec vos jeans !).
Et le top mes amis, c’est au feu rouge. A côté de vous, les gars en gros cubes plastifiés fixent obstinément le passage piéton. Vous, narquois, vous les regardez en souriant, décontract, les mains dans les poches (et oui, il y a aussi plein de poches hyper pratiques dans une combi). Ils ont honte. Ils ne savent pas faire une vidange. Ils s’imaginent que vous pouvez démonter et remonter leur meule les yeux bandés avec les mains attachées dans le dos. Et peut-être aussi que vous êtes pilote. Ou les deux. En fait, ils ont peut-être tort, mais on s’en fout, c’est trop drôle ! Tout de même, avant de se la péter en combi, il est recommandé d’avoir modifié sa meule soi-même. C’est pourquoi vous ne verrez jamais David Beckham en combinaison. Pour le kaki, avoir fait son service national ou la Guerre du Golfe apporte aussi un peu de street crédibilité. Du mythe de la combi, faudrait pas sombrer dans la combi de mytho ! Et n’achetez pas une saloperie en synthétique avec des fermetures éclair devant. C’est ce que portent les vrais travailleurs, et en plus ça prend feu : un peu de respect que diable !Et surtout pas en orange, sauf si vous êtes évadé d’une geôle pour terroriste.
De toute façon, aucun scrupule à avoir ! Les filles l’avaient déjà taxée dans les années 80 la combi, avec des marques comme French Connection. C’est comme pour le porno chic, la mode récupère tout, du tatouage au piercing en passant par le string et le perfecto. Plus moyen de faire sa hardeuse ou son bad boy tranquille. Maintenant la combi, c’était le must de la collection printemps été 2015 (on s’en fout à la Réunion, l’été ne fait que commencer).
Et voici une créatrice de mode moto qui s’y colle sur un blog copain et c’est plutôt cool :
http://chazster.com/la-marque-pour-filles-chic-factory-by-c/ http://chazster.com/la-marque-pour-filles-chic-factory-by-c/
Bon, c’est pas tout, je poste cet article et je vous laisse. Faut que j’enfile ma combi pour en trouver une autre…pour femme.
Clay dit vraiment trop de conneries, on le bombarde? Non, il roule en Yamaha !
Bon, vous verrez cette combi dans mon p’tit corps de rêve à la Teuf des Motards : c’est pour ça que je l’ai réalisée 😉
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2 commentaires
Gilles
ah ah sacré Clay…ta W650 elle ressemble fort à une Ducat’ !!!
Clay
Oupssssssssssss! Merci Gilles d’avoir repéré la coquille ! Bien sûr c’est la Ducati 750GT, p’tet même un modèle de 72 non? Le pire c’est que j’ai déjà posté sur cette pub avec la Ducate fixée sur un chariot. Mais là j’étais à fond et me suis lamentablement contenté de reprendre une partie de la légende du gars qui avait mis cette tof en ligne. Ouah c’te honte !