Mad Max Fury Road
Le voici venu le moment du bilan. Celui du W&W édition 2014? Je n’y étais pas, hélas. Je pense qu’il est jouable de faire 10 000 km en Yamaha sans problème majeur. Mais il m’aurait fallu traverser l’Océan Indien gavé de sharks et de pirates somaliens et encore pas mal de déserts hostiles et minés, comme la Somalie ou encore la Lybie. Le tout en très peu de temps, et avec des gommes de route Metzeler. Mouais. Après, il n’y aurait plus eu que Marseille-Biarritz à avaler goulument. Ça, ça m’aurait bien plu. Maintenant, des copains de là-bas me racontent que d’aucuns mettent leur bécane dans un train ou un container de poids lourds plutôt que de se taper le ride, alors…
Non, mon bilan à moi, celui que je vous avais promis et que, la mort dans l’âme, j’avais volontairement différé, afin de laisser à tout un chacun le temps et le soin de voir par lui-même et de réfléchir, concerne un autre événement moto. Je veux bien entendu vous parler de Mad Max 4 Fury Road.
Par où commencer? Hum, pas facile, hein? On peut prendre le guidon du Corsair XJR, par exemple, c’est toujours un bon classique auquel se raccrocher en cas de doute. J’ai mis mes mitaines Helston, alors mes doigts caressent la guidoline qui un jour fut blanche. Je n’ai pas bien dormi. Trop excité. J’ai pensé à ce moment toute la journée, au boulot. Aude-Emmanuelle a refermé la porte du garage. Mes mains agrippent les poignées et s’y enfoncent un peu. Pas mes ongles: j’ai tout bouffé depuis deux jours. J’ai réservé nos billets en ligne. Le 4 pattes balance tout dans le LeoVince libéré. Cette fois c’est bon.
D’habitude, il me faut bien 15 mn pour atteindre le cinéma. Cette fois, 10 suffisent. L’affiche est là, sublime au milieu du néant de l’insignifiance. Mais qui regarde encore les affiches? Celle du Mad Max 1 (le seul, l’Unique), a trône des années au-dessus de mon lit d’ado. Elle a vu défiler plus de papiers peints qu’un habitué des hôtels de passe de la Rue St Denis. Dans l’immense salle n˚5, nous sommes calés au milieu, sur les deux fauteuils isolés du premier rang. Pas question qu’un grand, bouffeur de pop corns, avec plein de cheveux, me pourrisse le film en jouant avec son téléphone. Il faut encore supporter les publicités, ainsi que les teasers débiles pour des blockbusters boutonneux.
Enfin, la lumière commence de faiblir. Un petit gros glousse, un peu plus haut à droite: je le fusille immédiatement du regard, histoire de le mettre au parfum. Les gens parlent. Une énorme calandre de feu et d’acier embrase l’écran. Le silence se fait dans la seconde. C’est pas possible!
A partir de là, comme vous l’imaginez, je suis scotché au fond de mon siège durant plus d’une demi heure. Ma main cherche une mannette de frein sur l’accoudoir, mais il n’y a que du velours tout mou. Je torture donc la main de ma voisine mais le speed continue de monter. Après, Max reprend la route. Mais il n’est pas au volant. Quand a t il touché le fond? Dans l’Opus 3, quand il se cachait avec des rescapés disco tendance new age sous un dôme pourri dont Miller lui-même fait mine de ne pas se rappeler? Dans le 2, quand il donne une bonne leçon à une bande de punks mononeurones avant de devenir lui-même un clodo post apocalyptique? Ou peut-être quand ses nouveaux ennemis, armée morbide de skins zombies, le transforment en steak donneur de sang frais? Il ne le sait pas encore, mais en lui tondant les poux et en lui donnant le statut de donneur universel, les néo nazes du désert vont en faire un archange destructeur et prophétique.
J’ai compté. Quand le convoi prend la route pour aller à l’approvisionnement, il reste à peine plus de 2mn sur la longue bande l’asphalte. J’ai compris alors, mais seulement quand je suis retourné voir le film une seconde fois, pourquoi je m’étais senti si démuni en ce jour glorieux, et pourquoi Fury Road m’avait tant ravi une fois réchauffé. Un peu comme les bons plats que l’on apprécie mieux le lendemain midi, quand les invités sont partis, et que la pression est retombée après une trop courte nuit de sommeil.
Et oui, je ne vais pas vous mentir. Et je sais que je ne suis pas le seul. Passée l’entrée en matière fracassante, dès que je découvre à travers les yeux de Max le décor un peu bidon de l’ancien barrage transformé en forteresse tyrannique, je dois m’avouer que je suis déçu. J’ai vieilli. J’en attendais trop, après toutes ces années. Où donc les Aigles de la route sont-ils passés? Et le Gorille? Les Kawas? Il n’y a plus que l’univers graphique dépouillé et no futur du 2. Mais gonflé à la testostérone ou à l’hélium? Pourtant, nous avons eu la chance de trouver une séance en V.O. Néanmoins je trouve les méchants trop débiles. Et l’action tourbillonne en mode Transformers. Ça va trop vite. Je ne distingue plus rien. Je vois bien les trouvailles en tout genres, mais elles m’agacent. Putain, on est chez Disney, ou quoi? Le générique défile. Les lumières m’aveuglent. Aude-Emmanuelle s’est endormie, pelotonnée dans son siège comme si elle avait pris l’avion. « Hum, c’était très bien! » Baille-t-elle en s’etirant. Et moi qui voulait la convertir…Elle me dit quand même qu’elle rend hommage à ce retour au grand cinemascope. Cela lui fait penser aux comédies musicales US, à du Cecil B. DeMille. Mais elle ne trouve pas le film assez bavard. Mince, j’aurais dû la prévenir que c’était du cinéma muet ! Dans la salle, quelques spectateurs applaudissent mollement.
Je sors de là un peu groggy et penaud. Je regarde mon look dans le miroir des chiottes aseptisées. C’ est comme si le film me l’avait chipé. Les gens me regardent comme si je m étais déguisé en Mad Max. Je vais tous le jours au boulot ou en balade comme ça. Mais là c’est objectivé, banalisé, caricaturé. Les vigiles nous suivent sans discrétion pour voir sur quelle moto nous allons partir, comme s’ils s’ attendaient à ce que j ai fixé dessus des mitrailleuses, des plumes d’ autruche et un tapis persan.
- Notre mère roupille dans le fauteuil rouge d’un cinéma qui, depuis, à très certainement été rasé pour céder la place à un magasin suédois de meubles en kit. Avec ma soeur, on se regarde. Jamais on n’a vu un truc pareil. Un vaisseau amiral de l’Empire traverse tout l’écran de part en part, au-dessus de nos têtes, dans un grondement sublime. Mais il se passe quoi, là, au juste? C’est Star Wars et c’est encore plus puissant que tout, et on n’a encore rien vu.
- Ma mère, encore elle, rentre du boulot. Elle brandit une cassette VHS avec un gars casqué dessus. Elle l’avais réservée de longue date. Écoute, c’est marqué que tu n’as pas l’âge, mais les copains disent que c’est génial, et ton père va rentrer encore plus tard que moi. On se le fait? » Ma mère était incollable au jeu de Monsieur Cinema, avec le gentil Pierre Tchiernia. Et tous les vendredi soir, malgré les cours du lendemain, on se faisait le cinéclub. Et rebelote le mardi soir, avec Monsieur Eddy, et les deux films, s’il vous plaît! On a tout vu. Tout. Absolument tout. De Casablanca à La mort aux trousses, en passant par la Créature du Marais en relief ou Affreux, sales et méchants. Le reste, les trucs comme les comédies de Lubitsch ou la version intégrale des 7 Samouraïs de Kurosawa, j’ai complété dans le Quartier Latin durant les études, au lieu de reviser mes cours. Il fallait partir avant le générique de fin, ou courir pour attraper le dernier métro. J’attendais toujours la fin du générique. Ajoutez à cela les westerns et les films de guerre du dimanche avec mon grand-père, saupoudrez le tout avec Les Enfants du Rock de Dionnet et Manoeuvre, Francis Zegut à la radio, Métal Hurlant, Rock & Folk et Chrome & Flammes sur papier glacé, et vous aurez l’essentiel de ma culture jeun’s de vieux. Tous alors, à peu près, et à leur manière, parlaient de Mad Max.
Dans le salon, ma mère a appuyé sur « Play ». J’ai vu de l’asphalte dans un pays bizarre avec des policiers vraiment différents de Monsieur l’agent avec son képi. Le lendemain, j’ai acheté L’écran fantastique, et j’ai demandé à ma mère de louer le film à nouveau. Ensuite, j’ai eu ma propre cassette, et je l’ai visionnée jusqu’à ne plus avoir que des traits et des pointillés sur le tube cathodique. Quelques années plus tard, j’ai demandé à mon père de me trouver un petit trail pour faire comme dans MaD Max 2. Il m’a offert un RD 50 d’occaze, rouge. C’était décalé par rapport à mes potes en DT neuve. J’étais déçu. Il avait raison. Mad Max 1, c’étaient des routières. Et des japonaises. Pas parce que Miller ne voulait pas démolir des HD, comme certains ignorants le prétendent sur les réseaux sociaux. Non. C’est juste qu’il n’avait pas de sous. Le perf de Gibson n’était même pas en cuir. Et Kawa avait accepté de sponsoriser un gars qui n’avait jamais tourné de film, en lui prêtant des meules.Mais pas question de les mettre dans des wagons, comme nos amis qui vont de Paris au Pays basque. Trop cher. Tous les comédiens et cascadeurs avaient traversé l’Australie en bus et avaient fait le trajet retour avec les kawas.
- Yamaha sort le V-Max, et Miller Mad Max 2 The Road Warrior. Quand j’ai la chance de me balader à Londres, je vois des gars avec des crêtes hallucinantes sur la tête.
2015. Je retourne voir Fury Road. Avec mon fils. Bientôt 15 ans. Version française, sinon il ne voudrait pas venir. On a tous les deux un cuir Claymotorcycles. Opération transmission. J’ai un peu peur de m’ennuyer, mais je suis fier de lui transmettre l’envie de voir Max Max 1 et 2. Je suis curieux de ses réactions, aussi. Pour lui, la moto, c’est ok, mais en passager. « Tu comprends papa, je suis trop distrait. Et puis je préfère jouer en ligne ». Moi, à son âge, j’avais déjà des accidents sur des meules kitées à mort. Je suis reposé, cette fois. On roule cool. Devant le cinoche, nous prenons quelques selfies en tentant de montrer l’affiche derrière. J’y arrive pas. Il est un peu gêné.
« WHAT A LOVELY DAY ! » On s’installe à la même place. Lui, ça le fait marrer. Je suis détendu. J’allonge mes giboles sur mon jet. Il fait pareil. On est bien là. Les gens font du bruit. Ils sont très jeunes. Pas grave. On se tartine des traileurs pour d’impossibles superhéros de la taille d’une fourmis. Je demande à mon fils si c’est un film comique. Il me répond que non pas du tout et que c’est trop cool. Après, the Rock saute en hélico sur des immeubles numériques qui s’effondrent sur sa fille, avec des paquebots qui volent dans la ville, je ne sais plus trop. Même pas mal.
La calandre géante arrive enfin. On remet ça. Immédiatement je suis en phase. Cette fois c’est la bonne. La magie opère. Les méchants sont trop débiles et c’est normal. C’est juste des sales fachos obsédés et incultes. Mieux! Leurs sbires sont manipulés. Le chrome dans la bouche, c’est juste des stocks de bombes alu de chez Monsieur Brico ! Trop con! Génial de dérision. C’est le réchauffement climatique et l’ignorance sectaire de la violence identitaire au pouvoir. Tous pareils, tous tarés, tous ensemble. Mais Tout se joue sur un lit d’injustice et de crime. Même la mythologie officielle, c’est de la récupe. Le Whalalah, le Mac Festin, les mini attentats kamikazes en mode « Soyez témoins ». MDR! Avec le fiston, on rit de bon coeur à cet humour noir désabusé qui semble stigmatiser notre époque étrange et contradictoire. En même temps, en 2050, on sera plus de 9 milliards sur terre, selon les prévisions les plus optimistes. Inquiétant.
Tout devient limpide pour moi. Un cirque de brutes qui roule à tombeau ouvert au son de la guitare électrique pour récupérer un gang de top modèles échappés d’un casting Elite dont le boss serait Tarantino. Énorme. C’est comme le nouveau Dépêche Mode: au début, tous les morceaux se rassemblaient, mais ensuite je me les repasserais en boucle dans mon walk man. Toutes ces références, au western spaghetti, et même au western traditionnel, c’est à dire à la bible, sont désormais évidentes. Déjà, le 1 clignait de l’œil vers The Wild One et vers les Évangiles.
Attention, Miller ne fait pas des films intellos. Il a créé un genre nouveau. Le road movie bestial mais intelligent. Aux antipodes des block busters routiers bourrins et idiots. Faut-il vraiment faire une liste?
C’est un réalisateur de la génération des Lucas et des Spielberg. Tous étudiants en cinéma. Tous inconnus avant de mettre le feu avec un petit budget et quelques court métrages. Faisant leurs armes avec le soutien de jeunes acteurs brillants et prometteurs, souvent du même âge qu’eux.
Justement, revenons à l’acteur. Tom Hardy. Ersatz écrasé par le mythe de son personnage? Pas du tout. On n’oublie pas Gibson. On ne le trahit pas (N’est-ce pas plutôt lui qui nous aurait trahis?). On reste fidèle, mais on mûrit. Comme Craig et Bond. Le plus incroyable, c’est qu’on mûrit avec des dialogues qui tiennent sur une page de cahier de CP et un scénario encore plus simple que celui d’une fable de La Fontaine.
Mais il est ici question de rédemption. Miller a un compte à garnir, et c’est normal, mais il a aussi des comptes à régler. Avec le Dôme de Truckmuche, avec Hollywood, avec la planète. X, a un compte à régler avec Gibson et moi avec moi-même.
Max reprend la route là où l’avait laissé le 2: en hors piste. Quand on lui tond les cheveux, il nous offre un nouveau visage, celui d’un homme hanté par ses démons. Au cœur de la fuite en avant que décrit cette bataille linéaire, il redevient progressivement humain. Il doit reprendre possession de son sang, de son cuir, cette seconde peau vestige de son passé de policier. Il se réapproprie son visage et nous l’impose. Arrachant masque de fer et chaînes, il cesse d’être machine. Il détruit même son Interceptor dans le feu de l’action, coupant les ponts avec son errance individualiste et solitaire.
Il est beaucoup question d’accouchement dans ce film. Le philosophe Socrate disait qu’il accouchait les âmes. Ici, c’est un top modèle qui se confirme en tant qu’ actrice majeure et qui oblige Max à lâcher prise et à devenir ce qu’ il est.
Incapable de donner son nom. A quoi bon? Elle le baptisé Le Fou. Intéressante pièce pour qui pratique les échecs. C’est aussi le joker, celui qui bouscule la donne. Son nom devient même le signal de la fuite en avant totale et de la rupture définitive du contrat avec les brigands lorsqu’elle le hurle à l’entrée du défilé. Les pactes entre loups ne reposent que sur la peur. Il est question de retrouver l’eldorado. Le paradis perdu l’est définitivement. Cette magnifique scène où elle s’effondre après s’ être délestée des prothèses qui la retenaient à la marche, à l’action et à l’espoir! Ces femmes sublimes qui descendent majestueusement les dunes, qui sur une bmw, qui sur une Triumph, qui sur une Goldwing.
Le retour à la famille et aux racines n’est pas la solution. Il va falloir innover, transformer. Le second exode dans le désert, à fond sur des bécanes qui foncent dans le désert de sel n’ aura pas lieu. On a envie de se la taper avec eux, pourtant cette bourre libératrice ! Une vraie Odyssée genre Enduro du Touquet à la puissance 10, ou Paris Dakar sans assistance. Mais non. Trêve d’illusions. Ce sera un demi tour pour affronte les démons et le mal. Quitte à tuer. Quitte à se sacrifier. Tel Moïse, ou plus exactement tel John Wayne dans la Prisonnière du désert, de John Ford, Max fait de nos captives des égéries de l’anarchie et de l’espoir dans l’eau, les graines et l’amour. Cet amour reste platonique pour Max. Nous n’aurons pas droit au lénifiant baiser final. Max s’est refait un prénom. Il a appris à donner, et il a offert son sang, lequel coule désormais dans les veines de la justice, ressuscitée et incarnée par Furia. Les bébés, d’autres s’en chargeront. Max à déjà perdu le sien dans le 1. Désormais, les autres aussi l’ appellent Max, et, tel Moïse qui n’a pas accès à la terre promise, tel Wayne qui reste sur le perron de la maison des pionniers, Max ne grimpe pas sûr la plateforme de l’espoir et de la société. Il s’en va, non pas dans la lumière aveuglante, tel le cow boy solitaire, mais dans la foule crasseuse, à contre courant, comme un anti-héros crépusculaire.
Voici pour le gros message philosophique. Mais quid de la réalisation?
Symboliquement, les poursuivants, pourtant idiots, décrivent comme stupide l’idée de croire les semer dans une tempête de sable numérisée. Les choses sérieuses, ce sont les cascades. Ce ciel bleu est vraiment magnifique. Ce n’est pas du Photoshop. C’est de la photographie, ce qui, étymologiquement, signifie « Écrire avec de la lumière » . Il y a vraiment eu des acteurs et des cascadeurs qui pendulaient sur des perches à plusieurs mètres de hauteur. Naturellement, tel un Belmondo (Jean-Paul national, of course, pas le fiston qui veut nous vendre des blousons de moto très très chers), notre australien de service s’est fait très peur et y a laissé des côtes. Ça peut sonner comme un cliché du genre, mais ça nous change des vieux beaux qui se trémoussent devant un écran vert, harnachés à des motos montées sur vérins hydrauliques. C’est tourné sur le terrain, avec plein de caméras. Je vois Imperator Furiosa attraper la gorge d un gars qui veut l’empêcher de conduire un camion encore plus affreux que celui de Duel. Au dessus, et en dessous, les motos font des bonds dignes des X Games, et il y a toujours cette luminosité incroyable. Putain, mais ce réalisateur est complètement barré! Je jouis de chaque image, je me régale de chaque plan. Les regards et les rares répliques m’obligent à mettre du sens. On me fait participer. Où est ma tronçonneuse, bordel?
Attention. Les films de nos jours tendent à nous faire régresser avec un plaisir coupable vers des spectacles enfantins mais transgénérationnels. Traduction: faits pour plaire à tout le monde. Mais MM peut déplaire. Là, c est juste brutal, assumé avec joie, et orchestré avec virtuosité. C’est une chorégraphie.
C’était déjà le cas dans le 300 (adapté de la BD d’une autre Miller), mais là tout est bel et bien incarné et sans logiciel.
Telle est la réalité de la route: belle mais dangereuse. De plus en plus sécurisée, il est vrai, mais pour des usagers toujours plus violents. Ce film nous révèle nos parts d’ombre. Qui n’a jamais rêvé de balancer un cric dans le pare-brise d’un vaisseaux qui a manqué vous tuer mais vous insulte? No regrets, no remorse. Le seul U turn possible est dans ma tête. Gibson 1 n est pas oublié, mais enterré, pour ne pas dire dépassé. Changeant d’acteur et laissant là son double fétiche, Miller abolit le Culte pour ouvrir la voie au Mythe. Max, c’était notre idéal masculin violent. Notre Achille de la route. Il a acquis une nouvelle carrure, au propre comme au figuré. C’est désormais Hercule, une statue de Farnèse gainée de cuir et de clous qui se bat sous nos yeux à coups de clé à molette. Et en plus, le colosse est capable de susciter l’émotion, voire de partager la vedette avec une Diane chasseresse qui aurait fait un stage d’ultimate fight chez le roi Leonidas.
On peut même tenter de flinguer Miller là où se niche le Diable, dans les détails. Bon courage ! On y retrouve le même souci qui anime les modélistes quand ils s’ingénient à reproduire des uniformes d’époque. Tout y est. Et pourtant, comme avec les armes de Star Wars, tout est imaginaire. Mais on devine une utilité à ces mousquetons qui balancent au milieu d’improbables pendeloques. Ainsi, durant tout le film, Max garde sur l’épaule son tuyau de transfusion enroulé dans un scratch, tel un galon d’urgentiste. Ce n est qu’ à la fin que ce détail révèle son importance. Idem pour les véhicules, des hybridations de bric et de baroque systématiquement conçues en double exemplaire. J’ai essayé de tout mémoriser pour chercher des idées bien barges, mais cela va trop vite. Il me faudra le fichier du film pour faire des arrêts sur image toutes les 30 secondes. Mais quel plaisir de voir défiler toute ma collection de masques: les Aviator Google, les Baruffaldi, etc. C’est comme si les costumières et les accessoiristes avaient passé une partie de leur temps chez Deus et l’autre à la déchetterie.
Du coup, je me rends à l’évidence. Je m’habille comme ça parce que je suis un fan de Mad Max, ce qui me laisse le choix entre un paquet de looks tous plus destroy les uns que les autres. Si ça fait marrer les gens, c’est juste leur problème. Et je suis un féroce individualiste qui apprend à aimer et à travailler en équipe, même si pour cela je dois me faire des ennemis et m’appliquer à les niquer. Il n y a aucune raison pour que les moches et les crétins aigris l’emportent. A bas les mesquins, moi et les miens, on taille notre route. Si j étais si troublé lors de la première séance, c’est parce que je ne voulais pas faire le deuil de ma jeunesse. Il me faudrait rester ouvert pour ne pas devenir un vieux con, et Miller m’avait montré la voie. « WITNESS ME ! »
Avec le fiston, on se regarde et on rigole. Il a le yeux qui pétillent.
« -Alors?
-Je sais pas, c’est tellement space! »
Mi charmé, mi indulgent, il me dit qu’ il n’a jamais vu un truc pareil.
« Faudra qu’ on se fasse le 1 et le 2, et même le 3! «
Hum, pour le 3 on verra. J’essaie de transmettre des valeurs à mon fils. Des compétences aussi. Savoir changer une roue en moins de 15 mn, faire croire à la prof de français qu’ on a lu le bouquin, ou encore demander son chemin en anglais et en néerlandais. Cela ne fonctionne pas toujours. Mais si je lui ai refilé le virus Max, ça nous fera toujours un truc en commun en plus du patrimoine génétique et d’une certaine propension au bavardage et à la déconnade.
On attend. Très pro, il m’explique que, puisque le deuxième générique et lancé, il n y aura pas de « petite fin » comme il appelle avec s soeur les petites séquences surprises que d’habitude on trouve, cachées en bout de Iron man de Ant Man, ou de l’album de Nirvana. Normal, c’est du Max Max. C’est du Mötörhead. On a tout balancé. Y a rien à en attendre après.
On va partir, on retrouve la Yamaha avec fierté. Il me remercie et va enfiler ses gants Motostuka.
« -Je fais quoi des ticket, ‘Pa?
– Putain fils, tu les gardes précieusement en souvenir ! »
https://claymotorcycles.com/2013/10/boots-mad-max-1h-chrono/
https://claymotorcycles.com/2014/12/mad-masque/
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6 commentaires
prvst
Merci
Clay
de rien 😉
Neyco
AAAhhhh ! Je l’ai toujours pas vu :O trop de boulot et pas de transport à Maurice! 3 MOIS que je suis exilé! aahha Il faut que je rentre! Trop loin de ma moto! J’en peux plus! Mais dés que je rentre! C’est obligé je dois le voir!!
Et je suis totalement d’accord avec toi! 😉 Le 1 et le 2 sont parfaits! Le 3 il a craqué son slip xD! ahahah et le 4 bin reste à me faire mon opinion… ^^’
Clay
ah ! ah ! A Maurice, profite d’une chance unique: là-bas ils ont tous des Yamaha RD 125 vintage ! Il doit bien y avoir moyen d’en louer une ou d’en acheter une et de la revendre avant de partir…
barel
pas encore vu non plus…..
et c’est de la philo cet article !
Gilles
Mmmmmooouuuuaaaaiiiissss, bof !
J’en attendais peut être trop de ce film mais à vouloir trop en faire…effectivement c’est trop !
Le scénario tiens sur une feuille de Riz la +,
l’acteur qui joue Max a le charisme d’une moule sur son bouchot, bref, au bout de 30 mn j’avais envie de me barrer …
(même ma fille, 17 ans, fan de trash & heavy metal, a trouvé ce film « débile » !)
Allons voir plutôt « On any sunday, the next chapter »
(enfin si jamais il passe dans un cinéma de l’île…)