Chakal Kustom Paint
La patte du sur-mesure
Clay a fait le déplacement pour vous dans un endroit unique…
Le terme chacal dériverait du sanskrit (sṛgālá) qui signifie « le hurleur ».
Mais quand ma bécane franchit le seuil du territoire de CHAKAL Kustom Paint, la quiétude et la convivialité accueillante des lieux ne me font pas du tout penser à une tanière, malgré le gros toutou, calme mais imposant, qui devance son maître et vient me sentir. Immédiatement j’ai perçu les indices de la rigueur et du savoir-faire, au service de l’inventivité.
On se sent bien. Le maître est affable sans être trop volubile. Il connaît parfaitement son boulot et sait exactement ce qu’il veut et ce qu’il fait. Je ne sais pas pour vous, mais c’est plutôt rassurant pour le client. Il y a une page du livre de Pirsig (Traité du Zen et de l’entretien des motocyclettes. Cf article sur le Blog) qui me vient immédiatement à l’esprit. L’auteur décrit un atelier où de jeunes gars, des mécanos « cool », massacrent son moteur en écoutant de la musique et en échangeant des plaisanteries. Ils ne s’en rendent même pas compte. Chez Chakal, je ressens nettement le contraire. Pas le genre de la maison. Pas d’esbrouffe, mais de l’humour. Confiance, écoute, garantie. La fierté du travail bien fait, accompli dans les règles de l’art. Sans prétention ni affectation, fort de l’exacte conscience de ses capacités (et croyez-moi, les quelques projets qu’il a rapidement évoqués avec moi m’ont réellement bluffé). Il n’y a aucune limite dans le nombre de couches de vernis.
J’ai connu pas mal de shapers qui travaillaient de manière traditionnelle, du temps où le surf ne rimait pas avec danger médiatique. Le glass du vernis, l’odeur des colorants et de la résine, les lattes de bois…je me retrouve en terrain connu chez notre ami peintre. Je n’ai pas trop envie d’évoquer la mystique romantique de l’artiste. Bof. C’est justement pour les petits prétentieux superficiels. Je préfère le mot artisan, dans le sens noble du terme. Un peu comme le meilleur ouvrier du Tour de France, les Compagnons, ce genre de confrérie des gens qui œuvrent. Je pense que mon hôte du jour s’y retrouvera aussi.
L’environnement est vraiment chouette, cordial et adapté. Ils déménagent progressivement du Port à Cambaie, alors c’est encore un peu fouillis. Je sais que cela ne va pas durer, mais en même temps cela me plaît. Il y a des casques qui sèchent. C’est pour un Club. Il y a aussi des garde-boue et des réservoirs un peu partout. Pas trop le temps de faire trop coquet: ici on bosse dur.
Préparations, peintures, projets persos ou d’entreprise: tout est possible. Il suffit de venir et d’en discuter tranquillement. C’est rare de nos jours, l’artisan qui se met à votre écoute, à votre disposition, sans vous imposer une vision ou un moule préfabriqué. Chakal m’explique. Bientôt il y aura un bar, ou plus exactement un espace dégustation consacré à une de ses passions: le Jack Daniels. Il y aura aussi une baie vitrée avec un point wifi. Le tout donnera sur la cabine, ou plutôt le labo. Le client pourra travailler tout en surveillant le boulot pour dire exactement à quel moment la teinte lui convient. ENORME! C’est la seule grande angoisse que je décèle: le malentendu; la possibilité que le client se soit mal exprimé et qu’il reparte déçu ou frustré. « Pas de problème: on lui refait tout le boulot sur le champ sans supplément… » Oui mais voilà, ce serait un échec quand même. Un faux pas, un manque de classe. Ou plutôt, une faute de goût. C’est cela: un faute de goût. Ce n’est juste pas bien.
« Dans le monde de l’industrie automobile, il y a un paradoxe incroyable m’explique-t-il. Le robot ne fait jamais la même peinture de suite! Comme on ne change pas la pièce entre le noir et le blanc, le système de liasse veut que les tons soient progressivement mêlés, même si cette imperceptible. » Mais Chakal le voit, lui, l’imperceptible. Alors même quand il bosse avec Harley, il prend le temps de faire démonter systématiquement la pièce entre chaque boulot. Là je rêve éveillé. L’œil de l’expert peut surclasser la machine. C’est au XXI° siècle. Et c’est chez nous, au cœur de l’Océan Indien!
« Il faut gagner de l’argent, car il faut nourrir sa famille, mais la récompense ultime, c’est le sourire du client. » Ca c’est la marque des grands pros. J’ai lu la même chose dans Eloge du carburateur de Matthew B. Crawford (Chakal, c’était la référence dont je te parlais mais que je ne trouvais plus!), ouvrage qui fera l’objet d’un post dans la rubrique « Sous le casque »…quand j’aurais du temps.
Mais je ne voudrai pas laisser à penser qu’il se contente de faire le job. Son œil pétille quand il évoque la quête du décor qui s’illuminerait de manière parfaitement adéquate sur toute la surface au moment du contact, quand il me dévoile une maquette préparatoire pour le décor de la boîte de nuit l’Etoile à St Denis. Idem pour les modifications apportées au vélo de son fils.
Le téléphone sonne. Il ne répond pas; de nos jours, rares sont les gens qui assument cette politesse des rois. Quand je raconte aux gens que je ne répond jamais au volant du Pick-up, ils me demandent bêtement comment je fais. C’est incroyable leur air ahuri quand je rétorque qu’il suffit de laisser le téléphone éteint. Je lui demande instamment de ne pas hésiter. Il répond. C’est pour le boulot.
Encore 3mn pour le jeu du Questionnaire Claymotorcycles:
1. Années de pratique: moto: depuis mes 16 ans en compètes de cross, et donc non stop jusqu’à mes 47 ans. Peinture: 11 ans, mais je bossais déjà avant bien sûr.
2. Les motos passées et présentes: au moins 60! Beaucoup de sportives! Les Harley, c’est « seulement » depuis 13 ans.
3. Ma moto préférée: Y en a pas. Je m’accroche tout de même bien depuis 10 ans à ma Honda. Eh, oui, une japonaise. Je me moque des idées préconçues. Pratiquement chaque pièce est estampillée US. C’est la F6C de 97. On l’a portée à 175 décibels. 230km/h sur circuit pour 350 kg.
4. Pourquoi la moto? Parce que. J’ai toujours aimé transformer les choses. Voilà: je continue.
5. Ma plus belle histoire de motard: T’as pas le temps! (Rire).
6. Ta pire expérience de motard: Pareil! (Re-rire).
7. Ce que je préfère: La liberté.
8. Ce qui m’énerve le plus: qu’on essaye de me l’enlever!
9. L’avenir de la moto: c’est triste (un peu amer, et le regard lointain).
10. La moto en 1 mot: Chouette (tout sourire).
Bon, voilà, faut partir maintenant. Je ne veux pas l’empêcher de bosser, et moi-même je dois reprendre la longue file des véhicules qui font la navette coincés entre la falaise et la mer. Bien évidemment, comme toujours quand je me sens bien dans un lieu, je ne trouve plus les clés de la meule. Heureusement, il y a le porte-clé The Ace of Spades de Motorhead (si un jour je les paumes, vous saurez à qui les rendre). Gentiment, le maître des lieux m’accompagne jusqu’à la moto. Il est indulgent. Un dernier mot pour transmettre ses amitiés à un pote commun sur St Denis (un autre Grand Maître Jedi qui lui aussi fera l’objet d’un article). Placide, il me salue et me regarde partir avec bienveillance. Promis, je reviendrai quand l’atelier sera fini, et il y aura encore de nouveaux projets.
Les chiens aboient quand je démarre, et me coursent un peu dans le chemin. Le Chakal, lui, est retourné à son atelier.
Clay
Chakal Kustom Paint: 0692 661 448
https://www.facebook.com/chakal.bike
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