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10 ans : de Claymotorcycles à Clay Motors & Cycles - Claymotorcycles
Claymotorcycles a 10 ans ! 2013-2023. On va se faire ça en deux parties, comme une mauvaise copie du bac. Tout d’abord, je dresserai un affreux bilan de la décennie écoulée, puis je vous donnerai une bonne dose d’espoir fraternel. OK? On y va? Kick ! On ne va pas refaire le film, mais nous en aurons vu passer des motos, des amitiés et des aventures. Que de belles machines, de bières et de musiques savourées! De balades à vous couper le souffle. Des pièces usinées avec amour. Des histoires racontées sur le bord de la route. Certains nous ont quitté sur la route. Des copains, des proches. Des inconnus aussi. D’autres se sont évanouis après une longue maladie, ou tout aussi brutalement, mais pas sur la route. Vendredi 13 Octobre 2017. Aude-Emmanuelle: motarde, sirène rock and roll si aimante et tant aimée, astre poétique et sexy, auteure magnétique et chercheuse plasticienne. Elle repose désormais au cimetière marin de St Paul, bercée par les embruns, à deux mètres de la tombe du mythique flibustier La Buse. Elle avait un côté gentille pirate, ça c’est sûr. Je ne remercierai jamais assez les copains et les lecteurs qui, à l’époque m’ont inondé de messages de soutien. Le deuil suite à un décès inconcevable est sidérant. On ne s’en remet pas. Il faudra vivre avec. Encore faut-il y survivre. Sachez que toutes ces démarches ont contribué à me sortir du grand trou noir. Les proches. Les amis. le boulot aussi. Pour les enfants surtout. Pour tout ça merci à jamais. Bon ride à toi , Lolo ! J’ai survécu et le blog avec, mais plus rien n’a été pareil. Finies les sorties. Finis les évènements. Il fallait que ça change, puisque plus rien de ce que je connaissais n’avait de sens. Je payais mes frais d’hébergement en ligne. Mais franchement je n’en avais plus grand chose à faire de poster ces petites tranches de vie désormais. A quoi bon? Pourtant l’espoir était revenu. Une nouvelle vie? Non. La vie qui s’accroche. Décrocher de ses certitudes obsolètes. Trouver des os à ronger, à défaut d’avoir encore un frein à ronger. Chaque jour démarrer la bécane et aller au boulot comme un zombie. Chaque weekend enfiler une combi pour démonter un moteur. Un VFR restauré, puis la reconstruction comme ils disent. Ecrire encore et toujours. Et puis, peu à peu la vie autrement. Un roman en cours. Du ukulele. Du kayak. Du vélo vintage à démonter et restaurer à nouveau. Du vélo de route pour le sport surtout, de plus en plus haut, de plus en plus longtemps. Et même du vélo assisté pour le taf. Si on m’avait dit ça un jour. J’ai même acheté des Autry et des Bierkenstock, ah, ah! Mais franchement, jouer au motard en boots sur 2,4 km de trajet ne devenait-il pas un peu ridicule ? Ma pratique de la route a évolué. Je conduis désormais le bon vieux pick up Claymotorcycles en mode pépère, tel Clint Eastwood dans la mule. je respecte scrupuleusement les femmes, les enfants et les limitations de vitesse. Une vieille règle de biker. Les excités me collent en faisant des appels de phare pour que je me rabatte. Mais j’ai pas de radar, ma benne noire est trop haute et la vitre arrière est teintée. Je ne les entends pas. Je ne les vois pas. Ils doivent attendre. Parfois ils dépassent par la droite et je les retrouve 1 km plus loin scotchés dans un bouchon. Autour de moi, quand je sors parfois une bécane, j’ai l’impression que les gens sont devenus complètement fous. Ça double de tous les côtés, à 2, 3 ou 4 roues, la moitié du temps en regardant un écran de smartphone. Le rouge des feux n’est plus qu’une option. J’ai pourtant vécu longtemps à Paris et roulé à l’Arc de Triomphe. Mais c’était de la rigolade. Là, il y a de plus en plus de voitures, de motos, de gros scoots bruyants et de trottinettes à casque. J’ai l’impression de piloter le faucon Millenium au milieu d’un champ de météorites. Paris? J’y ai roulé en Vélib’. J’ai cru mourir. Tout ce petit monde est agressif. Les gamins (d’autres millenium) ne se déplacent qu’en roue arrière, les trails orange pétaradent debout en short et claquettes piscine et je dois faire attention à ne pas défoncer de jeunes gars en hyper sportives qui bombardent sur la ligne continue avec des trajectoires pourries. Les policiers sont sur les dents et les usagers sur les starting blocks. Quand je me tire en montagne en danseuse sur mon vélo carbone pour fuir cette folie, les motards me frôlent et m’insultent car je les gêne dans le tournage Go Pro de leur course de côte imaginaire. J’hallucine. J’ai commencé la moto à 14 ou 16 ans, je ne sais plus trop. Mon imaginaire mixait les chevauchées sauvages des westerns, les étendues désertiques de Mad Max, et la bande de bitume de la Route 66. J’ai demandé à plein de motards dans mes interview pour le blog: la moto en un seul mot? Une réponse unanime : LIBERTE. Ouais je voulais me sentir libre en cramant de l’essence et de l’huile de longues heures sur des routes paumées. Au début, c’était plutôt bien parti. Mais aujourd’hui je tente de sauver ma peau dans l’interminable inter file. C’est moi qui suis paumé. Le paysage, lui est morne et figé : des caisses à l’arrêt sur des kilomètres avec des gens qui téléphonent et des deux roues qui me pressurent derrière ou qui se faufilent dans la mauvaise file. L’autre jour, coincé en pick up (encore un rêve de môme devenu depuis l’objet de l’ire des bobos donneurs de leçons) dans la voie de dépassement (un comble) qui mène à la 2X2 voies, je serrais bien à gauche, lorgnant dans mon retro de droite l’éventuel passage de camarades casqués. Surprise ! Un gros scoot se faufilait entre le muret de séparation de béton de la 4 voies et mon flanc gauche. J’hallucine je vous dis. En toute logique, la loi n’est plus respectée mais les normes pullulent. J’avais un projet custom pour mon BT, mais j’attends de connaître le texte sur le contrôle technique qui promet d’être étrange. Je ne parle pas du XJR. Jamais sa carburation made in 2003 ne passera les tests. J’en ai marre de spéculer sur l’avenir des motos de collection et de la custom culture. Et je ne parle pas de la disparition programmée des moteurs à explosion. On peut bien se lamenter ou se féliciter de l’avènement annoncé des motos électriques : le truc est en marche. Les mags papier nous préparent au corps avec leurs reportages sur les motos hybrides. Je ne sais pas si cela va sauver la vie des humains sur cette planète si amochée. J’aimerais y croire. Si je sacrifie mes brèles, je souhaite vraiment que cela serve à la communauté. J’ai bien des doutes. Mais cela ne changera rien. Il y a trop d’enjeux financiers et politiques en jeu. Les jeux sont faits. Et de toute façon, la custom culture, elle en est où depuis les premiers festivals, les premières selles skate board et une époque où il fallait fabriquer les pièces soi-même ? L’autre jour, j’ai vu une BM très jolie et toute neuve. Elle avait tous les accessoires qui ont fait notre gloire en série ! Même un phare jaune additionnel monté en décalé. Toutes les néo-rétros sont jolies et se ressemblent. Les grosses marques ont tout récupéré. A quoi bon se salir encore le dos de la combi dans la graisse, si ce n’est plus qu’une question de compte en banque et d’autonomie de batterie ? Je ne dis pas que je n’écrirai pas un jour un test sur une moto électrique futuriste en mode on/off. Mais je ferai comment pour la modifier ? A coups d’autocollants ? Ah mais non j’oubliai : on n’a pas le droit de coller des stickers sur son casque, à part les trucs réfléchissants. Bah je ne me prends plus trop la tête. Les philosophes stoïciens enseignent qu’il est vain de s’accrocher à ce qui ne dépend pas de nous. Le monde nous échappe. Surtout en ligne ! Comprenez qu’en 10 ans de blog et presque 25 ans d’activité professionnelle dans le domaine du numérique éducatif, j’ai pu observer l’évolution du web. J’ai délaissé la chaîne You Tube. Je continue à blogger. Mais qui lit encore des articles en ligne ? Vous et moi heureusement. Je ne regarde pas trop les stats. Si je leur accordais de l’importance, je mettrais la clé sous la porte de l’atelier. Quand je réalise un « reel » pour la page Insta, je fais plus de vues avec une séquence idiote qu’avec un montage exigeant. C’est la tiktokisation des masses. Dans les salles d’attente et les transports en commun, les gens sont impatients et scrollent frénétiquement. Le guide WordPress m’avertit régulièrement : je mets trop de mots et pas assez d’images animées. J’ai perdu mes lecteurs historiques. La majorité des connexions concernent des visiteurs volatiles qui n’y reviendront plus. Le reste, ce sont des bots chinois. Qui se dit encore « Tiens je vais aller faire un tour sur ce blog. » ? Les gens disent « Hey Google, tu peux me trouver un tuto sur ça ? ». Et les commentaires? Que des rageux aggressifs. Tout le monde juge tout le monde. Pire que les Moineaux dans GOT ! L’autre jour un type végan m’a écrit à cause de mes cuirs délavés par la pluie et le soleil. Il me reprochait de me couvrir d’animaux morts. Je dois faire quoi Monsieur le Grand Moineau? Rouler en synthétique qui pollue? Me flageller tous les soirs? Mettre une cotte de maille? Rouler à poil ou en latex avec une plume dans le pot? Et le gars n’est même pas motard. Pfff. L’avantage de ce contexte pour le moins incertain, c’est une grande liberté. Tout le monde écrit n’importe comment sur n’importe quoi. J’ai donc toute latitude pour écrire ce que je veux sur ce qui m’intéresse. Les commentaires rageux? Bah déjà je ne suis plus sur aucun groupe FB (à part un club de passionnés d’horlogerie: ils sont aimables et respectueux; ça fait tout bizarre je vous jure). Je bloque tous les cons malveillants. Et quand ils m’écrivent sur mon blog je ne réponds pas. C’est si bon. Je sais que des humains trouvent grand plaisir à lire ma prose et cela me comble de joie. Les autres font ce qu’ils peuvent comme ils l’entendent. Peu m’importe. Le nombre de like et de followers, ce n’est plus mon karma. Mais c’est triste car j’ai toujours tant à partager. je ne veux pas endosser le rôle du vieux briscard qui raconte des souvenirs de vétéran à des jeunes en quête d’un âge d’or qui n’a jamais existé. Je ne veux pas non plus resasser pour flatter les plus conservateurs de nos anciens. je saurais le faire, et plutôt bien je le crois. Ce serait très facile de drainer le flux de mécontentement avec mon petit flow bien huilé. Mais ce serait trop facile. Et je ne suis pas comme ça. Et vous non plus. On va continuer comme on peut avec ce qu’on a. Et puis on verra bien ! Un life style quoi. Comme beaucoup de lectrices et de lecteurs j’ai besoin de travailler de mes mains et de donner libre cours à ma créativité dans des projets custom. Alors je me suis aventuré dans un domaine où tout est petit, net et précis : l’horlogerie. Quel plaisir d’avoir à nouveau l’inspiration ! D’avoir une passion mécanique à partager ! Avec de beaux jouets pour adultes modifiables à l’infini. Vous voyez? On trouvera toujours un moyen d’apprendre, de se dépasser et de proposer à autrui. Soyons généreux quand tout est rabougri. Je vais continuer le roman Motochrome. Certains adorent et moi aussi. Mais la vie quotidienne est un ogre chronophage. Trouver le temsp...
Clay