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Cheveux courts idées noires - Claymotorcycles
Cheveux courts, idées noires. Pas mal comme slogan politique non? Mais la politique me saoule. Enfin, plutôt les gens qui en vivent et en parlent. Des idées noires? Noires de graisse oui ! Je n’étais pas bien loin. Je ne vous ai pas oubliés. Juste les mains abîmées à démonter des motos. Puis ces mains dans le cuir à piloter des motos. Ce sont des raisons suffisantes pour ne pas poster des trucs en lignes non ? Mais j’ai réfléchi durant ces semaines de web silence. Je me pose pas mal de questions, comme d’habitude. Sur l’avenir de la moto. Sur le brouhaha marketing qui désormais sert de musique de fond à la moto de caractère et à la custom culture. Et je ne suis pas le seul à le faire. Des meilleurs que moi sortent écœurés de leurs spéculations métaphysiques et décrochent. Qu’il s’agisse d’experts de la plume, du clavier ou de la clé de 10. Moi je m’accroche. Mais réfléchir pour sortir autre chose que des banalités, c’est dur et c’est long. Il faut prendre un minimum de recul. Et il n’y a pas d’effet à la Google Earth pour cela. Juste s’arrêter, se poser et se regarder faire. Lever le nez au vent et humer les courants. On verra. Je ne vous promets pas du grandiose. Je vous promets juste d’essayer. En attendant, il faut poster, de temps à autres. Et il faut aussi revenir humblement aux fondamentaux. Un test casque pas cher. Bah. Y a pire. N’en déplaise aux grincheux, je n’ai pas de sponsor chez Moto Fuck et j’ai commandé et payé l’objet avec mon propre compte Paypal. Je voulais écrire un truc sur ce casque. J’avais même pris des photos au début. Ce sont celles que vous voyez là sous vos yeux à la fois blasés et dubitatifs. Mais je me suis contenté de rouler avec. Autant j’ai trouvé marrant de publier sur mon casque de samouraï que je n’utilise absolument jamais, autant vous vendre mon jet préféré ne m’a pas trop tenté. Toujours je repoussais le moment. Et puis je n’ai pas que ça à faire de publier en ligne. Ce n’est pas mon boulot. J’ai même d’autres centres d’intérêt. Quel respect pourriez-vous avoir pour un motard qui ne roule pas, un bidouilleur qui ne bricole pas, et un amoureux de la vie qui ne vit pas ? Mais il se passe quelque chose avec ce jet. Partout où je le pose sur un comptoir, au bar, chez le coiffeur, à l’hôtel, à la banque, à l’aéroport, aux Indes, bref, partout où il existe des comptoirs avec un humain derrière et non une machine, alors c’est toujours pareil : « Il est vraiment chouette votre casque, je l’aime beaucoup ! ». Je l’ai depuis des mois. Je l’ai reçu en même temps que le casque de Samouraï. Bref, on passe d’un extrême à l’autre. On ne peut plus vintage et gentil que ce petit jet à même pas 60 euros, frais de port inclus. Je l’ai eu sur e Bay, ou sur Amazon, ou Ali Express, ou Baba machin. Je ne sais plus. J’ai la flemme de chercher la facture. Il n’est peut-être même plus en vente depuis. A toi de te bouger un peu et de chercher mon pote. Tu en as marre des sites qui ne sont que des boutiques en ligne déguisées ? C’est pour cela que tu es là non ? Alors dis-moi si tu l’as trouvé, lui ou son frère. Tout ce que je sais, c’est qu’il est de très bonne facture pour le prix. J’ai eu bien pire pour plus cher au niveau acoustique. La garniture est douce et classe, façon daim vintage. Avec un masque assorti, ça déchire. Ou avec des lunettes à monture grise. https://claymotorcycles.com/2017/03/casque-noir-jour-brille-nuit/ Il est assorti à mon résé. C’est trop la classe comme disent les mômes au feu rouge ! LA MILF qui traverse en souriant ne dit rien, mais elle n’en pense pas moins, quand elle virevolte soudain, pivotant sur ses Louboutins avant de s’engouffrer à nouveau dans la vie active. Ralenti. Emotion. Gaz ! C’est qu’il sait rester classe sous ses faux airs cabossés le bougre de jet. Se donner l’air d’avoir vécu plusieurs vies de chat errant, n’est-ce pas la maxime de notre époque pour pas mal de monde ? Une vie terne, sans pour autant être défavorisée, bien au contraire. Mais qu’à cela ne tienne. Le capitalisme saura bien proposer les oripeaux d’une façade rebelle. Des têtes de mort en strass, des tatouages effrayants de technicité, des mines patibulaires travaillées dans le miroir du barbier tout en mitonnant des business plans destinés à révolutionner la vente de gadgets connectés censés sauver les consciences, à défaut de sauver la planète. J’ai des casques dégueulasses, croutés de l’intérieur et tout rayés de l’extérieur. Personne ne m’a jamais félicité pour leur patine. Ils ont pourtant affronté les cyclones et le soleil brulant des tropiques. Tout délavés. Ils ont rebondis par terre dans le bitume, et je les ai posé sur des supports plutôt abjects. J’ai ri et pleuré avec ça sur la tête. J’ai peut-être même chopé des poux dedans à cause des mômes. Et oui. C’est moins glorieux que de prendre la pause à Salt Lake City en se prenant pour Burt Munro. Mais c’est la vraie vie des vrais casques qui roulent. Pas de petit sac de transport molletonné et griffé pour le trimbaler en douceur au milieu des gens convenables. Les vraies cicatrices sont intérieures. Quand j’étais gamin, j’en faisais de fausses avec de la colle scotch et du feutre rouge. On trouvait ça trop extra. Mais quand tu te viandes pour de vrai, cela deviendrait un peu superfétatoire de recommencer non ? Après les Sons of Anarchy, ils nous pondent un spin off. C’est la récupe de la récupe. Les Mayans MC. C’est sans fin. Sans faim. Et les gens en redemanderont. Si j’étais eux, je ferais même une mini série sur John Teller, le père de Jax, avec Ryan Gossling et un autre un acteur en vue pour jouer le rôle de Clay jeune. Et ça marcherait. Les gens ne veulent pas être eux-mêmes. Ils veulent juste qu’on leur montre à qui ou quoi s’identifier. Cela ne me dérange pas. Je ne juge personne, vous le remarquerez. J’essaye juste de comprendre pourquoi une réceptionniste peut trouver charmant un casque faussement usé à un casque vraiment usagé. Aimons-nous les gens pour ce qu’ils sont ou pour ce qu’ils projettent ? Quand j’avais les cheveux longs et un cuir tout troué, je ne suscitais pas ce type de réflexion. Maintenant que j’ai une coupe de Champion du Monde, une barbe de 8 jours soigneusement entretenue et une chemise à carreau achetée dans le Marais, les gens me font de grands sourires. Pourtant je suis le même. J’aime toujours rencontrer des gens passionnés, partager des émotions enthousiastes et encourager les personnes qui doutent trop d’elles-mêmes. Et aussi je me méfie toujours autant des pourris et autres faux derches. Le pire, c’est que je suis sérieusement plus destroy dans ma tête que quand les têtes de morts de pacotille ornaient mon torse d’ancien surfer reconverti en apprenti kayakiste. L’autre jour, le coiffeur m’a balancé une poudre à la Louis XV dans la mèche. Je me suis étonné de ne pas avoir la crème coiffante qu’il m’avait tartinée le jour où j’avais fait couper mes cheveux de Rahan. « Il faut penser à l’hygiène du casque ! » m’a-t-il sermonné sur un ton très docte. Mince. Déjà que renoncer au Pento, puis au gel, avaient constitué des étapes initiatiques majeures dans ma destinée capillaire ! Nous sommes jugés sur les apparences. Du moins au premier contact. Alors ce n’est peut-être pas si grave. L’aventure fait peur. Mais son parfum nous séduit. C’est vraiment une hypothèse à creuser dans de futurs posts, vous ne trouvez-pas ? Faut-il vraiment être buriné avec de supers items dans un endroit extrême sur une bécane de rêve pour apprécier la vie ? Et si sortir sa bonne vieille moto du garage le matin pour aller au boulot était l’expérience métaphysique par excellence ? Hein ? Traverser le Népal en side-car vintage sous l’œil attentif d’un drone est-il donc plus glorieux que de déposer sa gamine tous les matins à la petite école en moto pourrie sous le regard goguenard des mamans en Mini neuve? C’est comme l’histoire du jean stone wash. Quand les gars se sont mis à passer des vestes ou des futes bruts neufs à la machine avec des pierres ponces afin de leur donner une usure précoce. Nous voulons la patine, mais pas la vieillesse. La marque, mais pas la balafre. La trace mais pas la souffrance. Qui donc nous sauvera ? Autrefois les reporters publiaient des clichés d’enfants affamés léchant des plats vides. Aujourd’hui, les gens cools postent des photos de plats opulents qu’ils ne mangent pas. Je ne sais même pas si je suis plus spécialement plus authentique que les autres. Le mot même est suspect. « Authentique ». Une vérité plus vraie que vraie. Encore un concept douteux à explorer… J’ai bossé des heures sur une moto pourrie. J’en ai vraiment chié. Replacer tout seul un bras oscillant et tout son bordel d’amortisseur, sans faire tomber les biellettes de tous les côtés. Et quand c’est enfin en place, découvrir qu’on a fait la moitié des choses à l’envers. J’en ai tant bavé. Quand ce fut enfin en place, j’ai jeté un sale chiffon sur ce tas de merde. Je me suis lavé les mains, j’ai fermé le garage de mon pote, et on a bu un verre ensemble. J’étais comme hébété. De retour chez moi, en bécane, j’étais au radar. Et soudain, je me suis fait la réflexion. « Mince, je n’ai pris aucune photo ! Rien sur Insta ! » Ah yes, c’était si bon de se sentir libre. On peut faire les choses à fond et les vivre seul et personne n’aura à les liker. Et ça ne les empêchera pas de dormir. Certainement pas moi ce soir là en tout cas. Mais là je vous en parle. Oui, mais c’est avec des mots. C’est ambigu. Mais c’est puissant. Et vous pouvez imaginer ce qui vous chante. Et ça fait bosser vos neurones. Et ça nous rapprochera toujours plus que la contemplation béate d’images toutes plus parfaites que les autres. Alors n’achetez pas ce casque. Gardez le vôtre. Il est très bien. https://claymotorcycles.com/2018/06/motards-samourais-du-xxi-siecle/ Oui, achetez plutôt un casque de samouraï, pas un pauvre truc pour bobos à deux roues ! Suivez-nous:
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