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Quand les belles machines rassemblent - Claymotorcycles
Les belles machines rassembleraient-elles autant que Dieu ou les politiciens? Au début, j’étais un peu sceptique quant au pitch de ce Rassemblement Auto/Moto proposé en 15 jours à l’arrache par Vincent Clain de Supercar Photographe 974, Grimm Jo administrateur du groupe FB Moto Reunion 974 et l’équipe de Motards.Re. Déjà, il y avait un mot de trop : Auto ! Mais j’avais vu les belles photos de bécane réalisées par Vincent. Et puis peut-être étais-je trop sectaire. Tous les caisseux n’étaient pas des fanatiques du téléphone au volant après tout. Moi-même, je dois confesser que, parfois, transporter en pick up des trucs à la déchetterie, des morceaux de bloc moteur, ou les enfants et leurs potes, sans me fatiguer trop les fesses, au doux son de Slipknot, une vieille casquette de baseball vissée en coin sur la tête, ça me repose. Ensuite, je me trouvais, comme chacun sait, dans une étrange torpeur moto-médiatique, comme pas mal de mes potes blogueurs. Un tel ne poste plus rien car « Le monde de la moto tourne en rond et je préfère m’occuper de mon fils ». D’autres annoncent qu’ils se prennent quelques mois sabbatiques pour, au choix, se lancer dans les courses de rally, préparer une moto achetée 200 boules dans une grange ou pour partir surfer à Bali. Moi-même, happé par une vie professionnelle enthousiasmante et une famille dévorante, je trouvais refuge dans mon petit garage, à couper des fils électriques et à visser. Visser de la tôle, des clikos, des phares, des bouts de cuir. N’importe quoi du moment qu’on me foute la paix. Mais le Clay est cyclique. C’est ainsi. Le temps de l’hibernation était révolu. Il fallait sortir de la tanière. Faire éclater au grand jour un je-ne-sais-quoi de liberté et d’authenticité. Je devais tailler la route, épouser des courbes avec ma machine, flâner le nez au vent et revoir des copains qui sauraient me retrouver avec bienveillance. Découvrir de nouvelles têtes aussi, et serrer des mains jusqu’à présent restées virtuelles. Je n’allais pas être déçu. Enfin, il y avait la date et la méthode. Le jour des Présidentielles ! De 15 à 19 h, soit juste avant la soirée électorale ! « Mais il n’y aura personne! » me disais-je. Quoi? Pas de tatoueur, ni de barbier, ni de bécanes perchées sur des palettes? Et les explications! En gros: « tu as une jolie voiture, ou une moto préparée, ou une ancienne? Viens donc avec nous sur le parking, et on voit ça ». Et justement. On a vu. Peut-être est-ce là une des pistes à creuser pour découvrir une manière plus simple et conviviale de partager notre passion pour les belles machines. Entre les sempiternelles sorties moto où l’on passe la moitié du temps à attendre et l’autre à digérer son carry, le Bike Shed et la Messe des Motards, il devrait bien avoir moyen de trouver un compromis. La Messe des Motards? Très peu pour moi. Si j’écoute Highway to Hell sous le casque Bell dans mon lecteur imaginaire, ce n’est pas pour aller en masse faire asperger ma japonaise païenne d’eau bénite en série. Pour connaître ma philosophie de la Messe des Motards, ce sera là: Messe des motards 2016 Le convoi qui menait au Rassemblement? Je l’ai zappé. Rien que le mot « convoi » me renvoie à des souvenirs de camions qui traversent le désert (ça c’est cool) ou à des trains bondés, ou à des gens qui n’avancent pas (là au contraire ce sont des trips trop flippants pour moi). N’y voyez aucun mépris mes frères, aucune condescendance mes sœurs : c’est juste que, perché sur deux roues avec un moteur enter les jambes, des ailes me poussent et je deviens immédiatement agoraphobe, alors je ne fais plus de sorties moto. Faut pas trop m’en demander d’un seul coup, hein. Non, j’ai pris un bidon d’essence, je l’ai vidé dans le résé poncé du Corsair qui a tout englouti goulûment. J’ai fait gaffe en démarrant parce que je n’ai aucun voyant de point mort sur mon nouveau compteur spartiate. Et puis j’ai pris la route avec un grand sourire. La moitié bien vite en me penchant bien sur la route sèche. L’autre moitié en empruntant le chemin des écoliers : la route en bord de mer, avec ses odeurs iodées, ses cyclistes du dimanche et son paysage sauvage. J’ai croisé des gars qui filaient vers le convoi en me saluant, et d’autres, en bobber de luxe et pauvre short, qui ne répondaient pas à mes signes amicaux. Je me suis fait dépasser aussi, par des groupes carénés qui me surprenaient de manière salutaire quand j’étais trop perdu dans mes pensées. Quand je me suis arrêté pour faire le plein (essorer la poignée d’un vieux XJR a un coût), le pompiste m’a demandé de quelle couleur j’allais peindre la moto poncée. Quand je lui ai expliqué qu’elle était déjà vernie, il a franchement rigolé et m’a conseillé de la peindre en kaki, pour l’assortir à ma combi de mécano de la Bundeswehr. Les goûts et les couleurs, décidément. J’ai retrouvé mon ami Jean, de Run Iron Works. J’ai garé ma meule à côté de la BM qu’il vient de terminer. Une merveille qui tourne toutes les têtes. Je l’ai retrouvé au café d’en face, battu par les vents. On s’est bien marrés, à voir la réaction de motards qui manquaient de se mettre au tas pour regarder son oeuvre au lieu de se concentrer sur la chaussée. Le p’tit gars du bar m’a apporté un café bien serré, on a discuté de la Ducate de Tutu, lequel est passé précisément à ce moment là sous nos yeux médusés. Ensuite, on est partis pour la concentration, très fiers en bord de mer, en pétaradant. J’en ai profité pour jauger le comportement et les détails de la BM. ce sera un magnifique post un de ces jours, c’est sûr. Les gendarmes ont arrêtés des scoots sans casque et nous ont regardés passer avec un sourire complice. Une fois sur place, tout est allé très vite. A peine garé, je me suis trouvé nez à nez avec un photographe amateur qui a autrefois mitraillé les motos de mes potes, avant de s’attirer des menaces de baffes par ces mêmes potes ou de manquer de classe à l’égard d’Aude-Emmanuelle, ce qui pour moi le black-liste à tout jamais. Le gars me shoote et quand je descend il voit mon patch à l’As de Pique, avant de prendre la poudre d’escampette. Trop rigolo ! Le vrai photographe officiel, Vincent, je ne l’ai pas vu car il était encore plus accaparé que moi, mais je lui dis un grand Bravo pour cette belle après-midi mécanique et joyeuse. Après je me suis vite détendu car de partout affluaient des caisses tunées, des clubs de mini Coopers ténues et des bécanes à la pelle. Julien de Motards.Re est venu nous accueillir. Il était venu à l’apéro des 3 ans du Blog et avait fait un chouette post sur nous. C’était bien la moindre des politesses que de lui rendre la pareille non? Quand je pense aux rageux qui critiquent tout le monde et qui, sous prétexte qu’ils ont branché deux clikos et collé un malheureux sticker, me somment de venir faire un reportage. Là c’était cool. Julien est soucieux de bien faire pour ses amis motards. Il est jovial mais très perfectionniste. ça se sent tout de suite. Ce n’est pas parce qu’on est amateur qu’on ne doit pas faire oeuvre de professionnalisme. La passion n’est pas forcément le brouillon. Je respecte ça. On peut faire les choses sans chichis mais avec sérieux et sans se la péter. Ils nous a mis à l’aise sans nous prendre le choux. Après on s’est baladés, on a vu des meules de toutes sortes. A côté de mon 1300 il y avait un CB 125. J’ai trouvé ça génial. Les fans de tuning faisaient « Vraoum! Vraoum! ». C’était marrant. Ils bossent dur sur leurs machines. Ils sont fiers. Ils peuvent. C’était une belle idée de leur proposer de s’aligner aux côtés d’autre passionnés à deux roues. Quelques (rares) motards faisaient bouger les piétons à grands coups de rupteur. Comme quoi les caisseux n’ont pas le monopole de la connerie. Il y avait un snack, des jolies filles en boots Icon ou en robe, du soleil, des sponsors, de la bonne humeur : le paradis quoi ! C’était donc cela le coup de génie : fédérer avec un maximum d’ouverture, en proposant sans aucune limite à tout un chacun de montrer le véhicule dont il est fier. A la fois acteurs et spectateurs, sans préjugés, pratiquement en autogestion, avec classe et courtoisie : notre classe politique devrait s’en inspirer un peu non? Le reste, ce sera en image. Attention Mesdames et Messieurs, juste une petite minute d’attention. Voici LE coup de cœur Claymotorcycles de la journée. Typiquement le genre de moto dont tout le monde se fout, garée en marge de la manifestation, loin sous un arbre et perdue dans la masse. Mais, pour l’œil averti, c’est un collector absolu. Très rare (les autres sont à la casse et le proprio dix pieds sous terre depuis longtemps tant le monstre est féroce). Sublime. Pour tout savoir sur la Kawa 750 turbo, c’est là : La Kawa 750 Turbo La joie de rencontrer des potes ou de futurs potes. Des machines touchantes ou envoûtantes. Une chouette journée. Merci à toi Julien de m’avoir invité. Tout ceci m’a bien reboosté pour explorer de nouvelles pistes. Par contre, j’avais oublié l’énorme taf que représente un post sur ce genre de manifestation : le nombre infini de visages et de plaques d’immat à masquer ! Je suis rentré en fendant la bise nocturne à belle vitesse, hypnotisé par mes nouveaux compteurs blues et rouges, avec du vent dans les oreilles, des images plein la tête et de bonnes vibrations dans le cœur. La bise à toutes et à tous ! . 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