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Une journée avec un MC - Claymotorcycles
Bilingual French/English article. Click on pictures to enlarge. Sans conteste, la série Sons of Anarchy a jeté un regard nouveau sur le phénomène des MC. Jackson « Jax » Teller n’aime pas les armes (à part son énoooorme couteau), et préfère les filles et le lap dance (moi je suis d’accord). Il ne porte pas de casque allemand mais une casquette. Il n’a pas un perfecto mais un sweat à capuche, il pilote avec des gants modernes, et quand il met les pieds sur la table, il n’y a pas de grosses boots mais des baskets renforcées comme celles que vend Franck chez Bikes and Style à St Pierre (il m’a offert une bière: voilà ! CMC devient un horrible blog à pubs complètement vendu et sponsorisé !). Le pire : le Prez du club a des états d’âmes, et écrit son journal, un peu comme Tony Soprano qui passe son temps chez le psy. ENGLISH VERSION AT THE END OF THE ARTICLE, except for the pictures… Profitant de l’invitation d’un club local, nous avons voulu vérifier en live ce qu’il en était des clichés et de la réalité. Désireux d’écrire l’Encyclopédie en ligne de la moto de caractère à la Réunion, je ne peux ignorer plus longtemps ce club ainsi que les ragots qui trainent dans le sillage de ses jolies bécanes. Tout le monde se demande d’où sortent ces tri-patches jaunes avec une double tête d’indien. On connaît certains des membres comme des habitués de nos routes, et même certains sont très amicaux et nous sommes potes sur FB et dans les bars. Sur la route, toujours un grand salut sympa pour nous. Mais qu’en est-il de leur appartenance à ce club un peu mystérieux pour les Réunionnais? Devons-nous craindre une guerre des gangs? Saint Denis va-t-elle devenir la version créolo-zorey de Charming? Une seule solution pour le savoir… En tant que Dionysiens, nous avions rdv au Rolland Garros, bien dans l’axe de la route. Ayant passé la soirée à deviser et à nous rafraîchir avec nos copains conférenciers de la Semaine de la Pop Philo, nous avions comment dire…mal à la tête. Les bikers, eux, ils boivent des cafés. Première constatation : la moitié sont des filles, et une partie de ces filles pilote sa propre machine. Cela plaît à Manuella qui milite pour moins de testostérone dans le milieu motard. Elle est passagère, certes, mais rappelons qu’un automobiliste lui a autrefois explosé une épaule. Elle pilotait alors une 650 Gladius, mais ce n’est pas une raison. On se présente, on se représente, on se retrouve, et on redémarre. Excellente organisation de Rémy et de ses potes qui verrouillent toutes les intersections et tous les ronds-points du début à la fin. On se sent en sécurité. Les automobilistes ne vont exploser l’épaule de personne. Quand un énorme Fat et un chop montés par des gars en scarf de vampire vous barrent la route, vous avez tendance à laisser passer. Sur la route, on fait le plein… Premier arrêt à Boucan. Je retrouve un ami qui prend son petit déj en terrasse. « Clay, tu appartiens à un gang de bikers ? Euhhhh…tu vois, je viens faire un reportage, c’est pour le Blog. » Beaucoup d’inquiétude dans son regard. Je constate que les a priori sont forts et son épouse sourit mais n’a pas l’air rassuré qui sied au farniente matinal. Les clichés sur les hordes (30 gros cubes) de motards en général, et les clubs de bikers en particulier ont la vie dure. Nous reprenons la route. Plus nous grimpons dans les hauts, plus les habitants, les familles en pique-nique et spécialement les enfants, nous font de grands signes, auxquels tout le monde répond chaleureusement. Tiens ? Nous croisons des motards en hyper sportives : idem. Tiens ? Ensuite, les pauses café/paysage/camaraderie et les longs rides dans les lacets de la forêt s’enchaînent de manière hypnotique. Et entre temps, Franck, notre bon vieux poto de Bikes and Style, nous a rejoint! On est chez nous, là! Rouler en formation. Un état d’esprit, à l’image de ce que je commence à comprendre dans la philosophie des membres de MC. Chacun veille sur la machine de devant, et sur celle de derrière. Un peu comme dans la phalange hoplitique des spartiates. Rouler en ne pensant qu’à soi, et foncer en se prenant pour un héros, c’est mettre en danger la vie des autres. Il faut se maîtriser, maîtriser sa machine, et protéger ses compagnons des automobiles, des obstacles et des virages. Anticiper, toujours, jusqu’à ce que le filet de gaz soit partagé par les 30 guerriers de métal. A l’unisson. Exercice très intéressant. Il faut rester vigilant, mais c’est plein de bon sens et c’est apaisant. Nous croisons quelques furieux qui lancent leurs Kangoo dans les virages au mépris de nos vies, mais d’une manière générale, les caisseux jouent le jeu de la circulation spontanément alternée. On monte, la température descend. Arrivés au Maïdo, sous un soleil embelli par de rares nuages fantomatiques, on fait le bilan des vibrations. Cela me rappelle le Dax 125 ! Ahhh ! Semer les boulons comme autant de petits cailloux ! Ensuite, direction le délicieux carry du Petit Gourmet, dont on ne soulignera jamais assez les délices du feu de bois, de la cuisine, et du sourire Biker friendly. Une adresse à retenir pour tous les motards de l’île! Une fois réchauffé de l’intérieur et de l’extérieur, je retrouve Charles, pour une interview exclusive. -Pourquoi cette sortie ? Nous en faisons une par mois. Celle-ci est une sortie Open, c’est-à-dire ouverte à toutes les cylindrées, toutes les marques, aux membres de MC ou pas, à tous les motards sympas. Il s’agit de partager un bon moment, l’amour du 2 roues, et aussi de faire un peu connaître nos couleurs. Nous voulons créer des affinités et permettre aux gens de se rencontrer, exactement comme tu le fais de ton côté, avec tes apéros et tes sorties (il est vrai que les Satu sont déjà venus partager un verre avec nous NDLR). Développer l’amitié avec d’autres clubs et avec d’autres motards. Juste rouler ensemble. « -Charles, c’est quoi les Satudarah ? -Pour l’historique au niveau international, je te recommande de te trourner vers Nomad Dom…, qui n’appartient à aucun chapter mais œuvre pour tous. Sinon, ici à la Réunion, il y a deux chapters, un Capital à St Denis, et un West Coast, dont je suis le Président en exercice. -Mais ça marche comment ? Tu sais, moi j’ai vu les séries télé, mais à part ça je n’y connais pas grand-chose, à part les rumeurs sur la guerre des gangs dans les reportages à sensations. -Ce sont des clichés tu sais. Nous ne sommes pas des délinquants. Les gens qui rackettent, tuent et volent, ils sont en prison. Nous, on travaille, on vit de notre travail. Nous payons nos impôts et nous sommes des pères de famille. Simplement, nous sommes une famille. Si j’appelle les autres mes « frères », ce n’est pas pour se la jouer comme à la télé, ou pour se faire des papouilles. C’est parce qu’ils ont conquis mon respect, et inversement. Les gâteaux que tu as dégusté à la pause-café, ce sont nos femmes qui les ont cuisinés. Nous sommes une famille. -Mais, sans vouloir t’offenser, tu sais bien qu’au niveau international, les MC ont très mauvaise réputation. Et j’ai vu sur Wikipedia que ton club fait partie des plus importants, avec des milliers de membres dans le monde entier. -Tu sais Clay, je ne suis pas responsable d’éventuelles dérives qui peuvent survenir loin d’ici. Comme partout, il y a des déviances et du négatif. A la Réunion, il n’y a que du positif. La fraternité. -D’accord. Et pour devenir un Satudarah, je fais quoi ? -Il te faut tuer, voler, piller ! Non, je rigole. L’esprit biker, la vie de famille, la passion moto. -Et vous êtes combien ? -Nous sommes 13 -Mince, ça porte la poisse, non ? -On recrute 😉 -Dernière chose : j’ai vu des Yams, des Guzzi, …je pensais que le MC, c’était HD. -Il est vrai que pas mal viennent du HOG. Mais nous sommes conscients que pour certains acquérir une HD est trop coûteux. Est-ce une rasion pour les rejeter ? Certainement pas. Et nous sommes multiculturels, tolérants envers toutes les religions, envers l’athéisme et nous ne faisons pas de politique. No religion, no politics. One blood. Un seul sang pour tous, et il est rouge ! » Dans la foulée, Charles, discute avec moi du cycle de conférences de la semaine de la Pop Philo. Il y a personnellement assisté. Incultes les bikers? Il est vrai que j’avais croisé des Satudarah aux Potirons, juste après notre conférence/performance sur l’amour chez Deleuze, où nous avions mélangé moto et Pole Dance. Pour finir, avant de rejoindre ses frères pour un café bien chaud, le « Prez » a accepté de se livrer un peu en répondant à notre Fameux Questionnaire Claymotorcycles.Com ! 1- Années de pratique : 40 ans de pratique 2- Motos passées et présentes : J’ai commencé avec une Yamaha 125 TY, 600 Yam 750, Suzuki 750, Norton Commando (mon plus beau souvenir) (je veux ! NDLR), 883 HD ,1340 Softail, Fat boy, Rod King, Street Glide, Cross Bones, Softail de Luxe et un Slim. 3- Ma moto préférée : Norton comando 4- Pourquoi la moto ? Le moyen idéal pour s’évader 5- Ma plus belle histoire de motard : Il y en aurait beaucoup trop 6- Ma pire expérience de motard : La chute 7- Ce que je préfère : Les sorties avec les frères et les amis 8- Ce qui m’énerve : Les « on dit » et les clichés 9- L’avenir de la moto : Tant qu’il y aura des passionnés, no problème 10- La moto en un mot : c’est magique mais ça pardonne rarement, donc : prudence. Voilà, c’est le moment de se séparer et de rentrer. Cela fait bizarre de descendre la route seuls sur le Bulldog, juste moi et Manuella, au rythme de mon choix, suivi par quelques monospaces familiaux. Personne n’a brûlé notre japonaise. Les villages n’ont pas été terrorisés par des blousons noirs ivres qui trainaient les filles par les cheveux derrière leurs machines, et la seule arme que j’ai pu voir était le décapsuleur d’un copain des Flibustiers Brother Hood, également invités à cette virée mémorable. Chez Clay motorcycles, nous ne sommes guère friands de la hiérarchie, des rites initiatiques, et de l’organisation en général. C’est plutôt à la bonne franquette, pour ne pas dire un peu bordélique. Nous aussi on fabrique notre petite famille, mais elle est du genre bien éclatée. On est plus les enfants du divorce que ceux de l’anarchie, et on se respecte pas toujours, hein, mais on se pardonne, c’est ça aussi la famille, non? En même temps, le choix de vie des bikers est un choix de vie que nous respectons, d’autant plus que nous avons été reçus de manière fort amicale et respectueuse. La balade était extrêmement bien conçue, et pour autant sans prétention, très bon enfant. Le temps absolument magnifique était lui aussi au rendez-vous (« Sinon, nous avions un plan B », me confiera Charles). Merci les gars et les filles pour votre accueil et pour cette expérience unique. C’est bien la preuve que, sur cette petite île surpeuplée, il est possible d’être amis avec tous, si nous gardons en partage l’amour des belles motos et de la route. Respect! ENGLISH VERSION: It’s well known that Sons of anarchy had been introducing a new vision about the MC’s. Jackson “Jax” Teller (the one who “tells” stories, who recreates the myth of his father and fight with words more than with guns) doesn’t like violence, even if he knows how to play the game. He is found of his huge knife, but he wants his club to get out of the weapon business to start a new way with porn movies, hostesses and lap dance (personally, I do agree with him ;-). Far away from the usual clichés, he doesn’t wear a perfecto but a sweater, he drives his HD with modern gloves and when he puts his legs on the...
Clay