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Tour de l'île en mode Han Solo - Claymotorcycles
Je ne veux pas faire le mariole. Quand on se trompe, il est parfois préférable de l’avouer, et surtout de se l’avouer à soi-même. Surtout quand on aime bien partager ses expériences sur un blog. Donc, en, bref et en GROS : J’ARRETE AVEC LES ETUIS AMOVIBLES. Je viens de perdre le mien. Il s’est décroché à St Denis, dans le périmètre du Café Racer. Adios CB, Chèques, Cartes grises, permis et carte d’identité. C’est là qu’on réalise à quel point on donne de l’importance à des choses stupides dans notre société. Je n’ai pas appelé de Radio « Libre » pour me faire ennuyer au téléphone. Tant pis, j’irai faire la queue à la préfecture. Bien fait pour moi . On est là pour apprendre. Il me reste mon passeport, et un étui…qui se glisse dans la ceinture, pour le trimbaler. Non, le plus triste, c’est que je devais dîner avec de potes et du coup, c’est tombé à l’eau. Pour le reste, en tant que motard, tant que je n’ai pas d’accident, tout va bien : soyons philosophe, que diable ! Cette perte n’est que la dernière goutte d’une succession de petites situations épuisantes. Rien de bien méchant, ni d’assez intéressant pour que cela vaille la peine que je vous le narre par le menu. Mais assez pour me fatiguer. Fort. J’ai donc décidé de faire le peu de démarches que je pouvais régler un samedi, et de me balader dimanche pour tout oublier. Et ça marche ! Une bonne sortie en solo. Rien ne vaut les plaisirs solitaires pour se réconcilier avec la vie, c’est-à-dire avec soi-même. Madame est hors-département pour le boulot (NDLR). Vous voyez, c’est chouette de rouler en meute, et c’est bien de promener Madame. Mais un motard sur une moto, c’est la combinaison idéale pour vivre pleinement l’instant présent. Je n’ai pas faim ? Je ne mange pas. Je veux explorer un chemin ? Allons ! J’avais astiqué mon petit Power Cruiser. Le plein était fait de la veille. J’avais retiré ma montre. Ma belle-mère tentait de me joindre au téléphone. C’était bien là le signal du départ. Les gens qui ont peur de rouler seuls sont les mêmes qui vous téléphonent quand ils s’ennuient (comme Belle Maman). J’en ai vu défiler du paysage, sur 250 bornes. J’en ai pris plein les mirettes. J’ai vu moins de bêtises d’automobilistes qu’en semaine, il faut être honnête. J’ai roulé avec : un gendarme, des touristes avec le fameux combo « Trail-short-t-shirt-baskets-Go Pro », des meutes d’hyper sportives en gilet fluo (hummm, cette fille en cuir noir sur sa Fazer avec son casque rose…), des ambulances en urgence, des pompiers au repos, des trikes ridicules, des vélos, et même avec un handicapé en fauteuil électrique. Au début, j’ai roulé nez au vent, en souriant juste pas vite. Peu à peu, la virée en solo a viré au safari photo. Puis j’ai eu faim. J’aurais pu me trouver un coin sympa avec une bonne cuisine locale. Mais je voulais juste ne pas être emmerdé. Limiter les contacts verbaux. Un fast food bien glauquissime ! J’ai attendu longtemps une portion de nain nommée « Géant », et quand j’ai repris la route, j’ai bien senti que le mono amorto m’en voulait un peu. La suite, c’est St Pierre/St Denis, la route du boulot. Alors là je suis passé en mode retour. Bien sûr, j’ai fait des efforts de coolitude. J’ai pris la route du litto, pour profiter du beau temps. Mais voilà, c’était le chemin du retour. J’ai bien tenté de temporiser, et je suis allé me recueillir sur la sépulture d’un vieux pote de Calais, vous savez, en face de l’Angleterre, mon chez moi dans une autre vie, quoi. Mais je n’avais plus envie de prendre de photos. Moi, je voulais juste rouler. Souvent, nous organisons nos sorties moto dans les hauts, pour oublier que nous tournons en rond assis sur un moteur. D’une certaine manière, tout le monde tourne en rond. Mais faire le tour de l’Ile de la Réunion à moto, c’est vraiment accepter de regarder les choses en face. Il s’en passe sous le casque. J’ai bien gambergé. Derviche tourneur mécanisé. Je me suis aussi joué de bons morceaux dans la tête, comme ceux-là : Depeche Mode : Never let me down again (rappelez-vous ce clip avec le side-car BM !). Lana Del Ray : Ride. Et surtout, au bout d’un moment, je n’ai plus pensé à rien. J’ai profité de ce bon moment, avec des freins neufs passés en avia et un tout nouveau jeu de gommes. J’ai d’ailleurs réalisé que depuis des mois je risquais ma vie à tenter de contrôler un tracteur qui refusait de virer ou de rester stable. Là, les trajectoires étaient fluides, la moto tournait et s’inclinait d’elle-même, comme une bonne planche de surf, au lieu de tomber brutalement comme elle le faisait depuis déjà trop longtemps. En plus, sur la route en corniche, il y a de longues portions de bitume tout neuf. OK. Le cul glisse au fond de la selle, le bide sur le résé, et la tête dans le saute-vent. Ce n’est pas la XJR, mais le vieux Dog a encore de quoi pressurer les guignols qui s’obstinent à serrer à gauche alors que c’est libre à droite. Désolé si je t’ai fait un doigt d’honneur, jeune homme, mais j’en ai marre de risquer ma vie pour des orgueilleux qui ne connaissent pas le code de la route et qui s’imaginent que c’est marrant pour nous de doubler à droite, ou de se faufiler à gauche entre une glissière d’insécurité de type « guillotine » et une portière de blaireau qui téléphone alors que sa tantine se récure les orteils sur le tableau de bord. Voilà. Bref, un dimanche comme les autres 🙂 Suivez-nous:
Clay