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La dernière Fête des Motards

L’histoire de la Fête des Motards de l’Ile de la Réunion est étroitement liée au Blog Claymotorcycles.com. Et cette cuvée 2015 avait décidément quelque chose de spécial.

Comme cette glorieuse édition sera, jusqu’à preuve du contraire, et à proprement parler,  la dernière Fête des Motards, un petit retour en 2013 s’impose. Je viens alors de finaliser l’hébergement du blog. Il doit y avoir un post sur des gants non homologués à  5 euros et un tutoriel pour transformer des rangers usées en bottes de Mad Max. Tout le monde regarde les Sons Of Anarchy, mais moi je lorgne plutôt sur les prépas Bratstyle et Wrenchmonkees. Pour nous, vu de la Réunion, les hipsters sont des vendeurs de fringues un peu apprêtés. Ils ne surfent pas. Ils n’ont pas de motos. Les Twin Towers sont tombées depuis tout juste 2 ans, mais on a encore rien vu…Un jour, une pub pour la Teuf des Motards attire mon attention. Why not ? J’y vais en Dax pour rigoler un peu, et c’est très bien perçu. J’adore les japonaises classiques, mais je dois reconnaître qu’il y a aussi de la merveille du côté des customs Harley. Derrière les barbes et les visages burinés par la route, il y a des sourires de gamins. La suite, vous la connaissez. Progressivement, des liens se tissent entre ma petite smala et la tribu des Flibustiers Isla. Bourbon Brotherhood. Et aussi avec des MC et des bikers en général. Pas mal de qui pro quo, dus à ma grande méconnaissance du milieu biker et au fait que, quand il faut faire une bourde, je suis souvent placé en bonne position. Mais surtout beaucoup de bons moments. Sur la route, autour d’un verre, en ligne…Et je ne vous parle pas de copains membres d’autres stuctures : clubs, assoces, ou internautes que j’ai toujours grand plaisir à rencontrer « en présentiel », comme disent les pros du web. Vous donnez son chemin à un gars au feu rouge, et vous le retrouvez ensuite par hasard sur la page FB du Blog ou à l’apéro pour d’interminables discussions sur la moto. Nous avons tous les atouts sur cette île pour une réelle convivialité motarde. Nous pourrions (ou nous aurions pu ?) éviter de sombrer dans la sinistrose des caisseux qui nous encerclent.

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C’était le bon vieux temps !

Aussi je comprends mieux la tension qui régnait parfois sur l’asphalte du Circuit Felix Guichard. Les belles machines, je vais vous les montrer. Mais j’aimerai tout d’abord m’intéresser aux hommes et aux femmes qui pilotent noblement et qui, en plus de leurs activités professionnelles, et au détriment de leur vie de famille, se tuent à transmettre leur passion et leur savoir-faire. Comme toujours quand vous créez l’évènement, au mieux on vous critique, au pire on vous torpille. OK ? J’en ai un peu marre, moi aussi, d’être consensuel et de faire comme si tout allait bien au pays de la moto et spécialement à la Réunion. On tente de fédérer, de ne pas froisser les sensibilités, et en retour, on se prend des gamineries dans la face.

Trois axes : le marché, les institutions, les usagers.

Le marché de la moto, par rapport à celui de l’automobile, se porte plutôt moins mal. Le 2 roues en général, motorisé ou non, sont une alternative intelligente à l’engorgement du réseau routier, au manque de places de parkings et à la pollution. Les progrès technologiques améliorent la sécurité et la fiabilité des machines. Il y avait bien eu une certaine lassitude du public pour la course aux armements, de plus en plus coûteuses, avec des motos moches et hyper spécialisées. Mais la vague néo-rétro est arrivée, stimulant un peu les ventes. A vrai dire, ce surgissement est plus qualitatif que quantitatif. Il est visible chez les créas, lesquels lancent de nouveaux concepts ou relancent de vieilles marques, chez les stars comme Beckham et les grandes maisons comme Dior. Mais ne nous faisons pas d’illusions : en volume, ce sont les machins à 3 roues  à papa qui évitent le marasme.

Du côté des institutions, le durcissement de l’appareil répressif quant aux limitations de vitesses n’arrange rien. L’acharnement de certaines mairies contre les motards (qu’on pense à Paris et à l’inepte décision de bannir les meules d’avant 2000), les « idées » sécuritaires douteuse (laisser les glissières guillotines mais délirer sur les fringues fluo), et les normes européennes liberticides assombrissent de jour en jour notre horizon. En Grèce, c’est peut-être le bordel, mais leur ex-ministre des finances pilote un XJR 1300 !

Du vieux neuf qui coûte et qui freine mal? Oui on doit avoir ça...
Du vieux neuf qui coûte et qui freine mal? Oui on doit avoir ça…

Quant aux usagers, les amoureux de la bécane de caractère, eux, luttent depuis toujours contre les normes aseptisées en bichonnant leurs carbus, leurs freins à tambours, leurs kicks ou leur garde-boue en tôle. C’est là que, pour des raisons que je creuserais ultérieurement dans d’autres textes, la vague néo-rétro a commencé à déferler. Comme toutes les tentatives de rébellion, elle fut vite récupérée par le marché, les acteurs principaux étant eux-mêmes souvent spécialistes de la com. Voilà pourquoi les constructeurs nous sortent, avec plus ou moins de bonheur, des « prépas » toutes faites en séries plus ou moins limitées, comme la « nouvelle » Big One nommée Honda Bad Seed, des « concepts » marketing personnalisables comme le Scrambler Ducati, quand ils ne nous ressortent pas de vieux nanars au prix du neuf, avec la sympathique mais calamiteuse Yam SR 400 (et c’est un adepte de Yamaha qui vous parle). La nostalgie a un prix. Cela, les concessionnaires HD l’ont compris avant tout le monde, inondant les routes de machines gavées de pièces japonaises (eh oui…), aux soudures douteuses et qu’il faudrait à nouveau faire customiser au prix fort afin d’avoir enfin ce qui se rapprocherait le plus d’une vraie Harley. Du rêve à l’illusion ? Cette marque fabrique un proto électrique et les clients applaudissent des 2 mains ? J’hallucine. Mais comment s’étonner, quand les gens vous méprisent au feu rouge parce qu’ils sont assis sur une bonne grosse carte de crédit et qu’ils ne savent même pas remettre de l’huile dans leur moteur ? Eh oui mes amis, rouler à moto peut être un luxe. Comme je le répète souvent, le quarantenaire en crise n’achète plus la 911 mais la 848 ou la 883. Faut les voir, hautains, droits comme des i, bien propres dans leurs fringues siglées, vous snober quand vous leur faites le signe des motards. Claymotorcycles.com peut s’enorgueillir de mettre en relation des préparateurs de renom international et des p’tits gars qui triment pour se commander de quoi retaper leur CB 500 repeint à la bombe. Quand je demande à un pote artisan de ressouder le support de cale pied fendu d’un jeune à qui une concess voulait extorquer  250 euros, et quand je vois le sourire du môme et de sa passagère une fois dépannés, c’est pour moi la seule vraie gloire à tirer de tout ceci. Et eux, ils disent bonjour. Et mes potes bikers, les vrais, m’envoient toujours de grands signes quand je les croise avec une de mes japs. Voilà ! Il n’y a pas de honte à saluer un gars fier de sa 125 cc. Les types en combo short, débardeur et savates, les scoots en plastoc et les machins à 3 roues ne prétendent pas être des motards, alors ils échappent à notre horizon et à nos règles implicites. Mais pour les autres, je vais plagier Tutu et affirmer « Je suis un motocyclistes ! » Et eux aussi !

Mais pourquoi cette envolée lyrique Clay ? Je vais te répondre, gentil internaute…Je suis, comme beaucoup d’entre nous, fatigué des incivilités venant de frimeurs qui n’y connaissent rien, et des arnaques de soi-disant professionnels incompétents. L’autre jour, Boulevard Sud, j’ai dépassé un gars en short qui serrait l’accélérateur de son trail d’une main, et surfait sur son smartphone de l’autre ! Sur stand, durant mon absence, il y a même un gros connard qui a daubé sur mon Dax devant ma gamine. Bravo ! Cette meule a des défauts, et je les assumerai dans un post à venir, mais moi, au moins, j’ai pratiquement tout fait moi-même, et je respecte les familles, pauvre cloche. Mais faisons fi des jaloux, des aigris et des incapables. Pour la Fête des Motards 2015, des organisations ont appelé au boycott, des concessionnaires ont fait du chantage et certaines assoces n’ont pas joué le jeu. Chacun a ses raisons, et elles sont mauvaises.

Mais, comme le dit Shovel, nous, amoureux des belles machines et de l’esprit motard, nous en ressortons plus forts, plus unis, et plus créatifs.

En voici déjà la preuve par l’image :

On va donc commencer par les gens. Les vieux copains, les nouveaux, les sublimes hôtesses et tous les chouettes visiteurs !

Ce serait trop long à raconter, tous les bons moments passés avec tous. Et puis si je fais des oublis, les gens seront peinés. De toute façon, vous les découvrirez bientôt dans de futurs posts, tant j’ai engrangé de matériau. Une anecdote marrante : au moment de démarrer le Corsair sur stand pour rentrer chez moi le premier soir, mon voyant d’huile s’est allumé. Mince, celle-là, je ne l’avais pas venu venir. Allais-je devoir squatter la tente de Stan et Géraldine dans un des immenses espaces camping root? Hum…elle venait de dire oui au roi du taser, alors je préférais éviter de les déranger. C’était compter sans la gentillesse et la compétence du seul stand encore ouvert juste en face du mien…LIQUI MOLY ! Vous avez bien lu : tomber en panne d’huile la nuit, devant une boutique spécialisée dans l’huile hautes performances, c’est pas le bonheur ça? Maintenant, il vous faut aussi imaginer les petits détails qui animent ce type de manifestation. Ils attirent le regard et marquent la mémoire.

 Enfin, bien sûr, les machines !!! Comme c’est un circuit homologué pour les caisses, et qu’il était question de faire honneur à la Kustom Kultur, il y avait pas mal de caisses sublimes de toutes les époques. A commencer par du lourd tellement lourd que nous ferons un post-événement rien que pour lui: le véritable Hot Road de Chakal Custom Paint, un pur délire de puissance et de peinture sur base de vieux pick-up des années 30 !

Et surtout, nous étions tout de même venus pour cela, des motocyclettes ! La splendide sportive de Tony Design, la meule gagnante de Vincent de XR Custom, les monstres de Chakal, dont une pas encore terminée mais assortie au hot road (là aussi on fera un gros méchant post), les merveilleuses anciennes du BMC, avec le side de JPP, le Dax Claymotorcycles classé 3° au concours du plus beau Custom, le XJR Corsair du même blog, les meules de Ludo, dont mon coup de coeur de la fête, son sportster  WWII (encore des posts à venir !), mon autre coup de coeur, un Buell, limite Rat bike, d’un support des Flibustiers Isla. Bourbon Bro., et tant d’autres, dont pas mal de beautés du côté des visiteurs.

Bon, ensuite il a fallu tout remballer. On s’est tous tapés des délires sur le circuit. Pour moi c’étaient les meilleurs moments.

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Je suis fatigué mais heureux vraiment. Je suis nostalgique aussi, car une page se tourne. Mais ce circuit possède un gros potentiel pour créer des événements moins consensuels, peut-être, mais plus ciblés et délirants. Alors je ne vous dis pas « A l’année prochaine », mais à bientôt 😉

lonesome cow boy

Bonne route ! Ride free, ride safe, ride fun, just ride !

lonesome cow boy

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